samedi 4 février 2017

Ragnard Winter Night @ De Verlichte Geest (Roulers) 02/02/2017


    Quand j’avais 16 ans, je commençais à me prendre la dureté de la vie en pleine face. J'ai commencé à me scarifier les bras, j’avais constamment des idées noires et je cherchais un exutoire. Et puis j’ai découvert le metal extrême (Transilvanian Hunger, Balrog, GrisIl était une forêt, Belphegor Bondage Goat Zombie entre autres) et c’est comme si le mal s’accentuait, me confirmant que la vie était noire, impossible de revenir en arrière, que les choses ne pouvaient que s’empirer. J’avais raison dans un sens, sauf sur un point : j’avais enfin trouvé une sorte de catharsis pour évacuer ces idées noires, me permettant de mieux supporter toutes ces merdes qui te tombent dessus, tout en cultivant cette haine de l’humain qui naissait peu à peu au fond de moi. Et une chose en amenant une autre, me voilà à rencontrer les personnes qui ne sont pas loin de penser exactement comme moi, avec une vision des choses en totale adéquation et une conception de la musique totalement similaire. Ça peut t’enfoncer comme te faire supporter les choses en t’évitant le suicide, afin de garder la tête hors de l’eau et pourvoir ainsi diffuser la sacro sainte parole de l’auto-destruction. Eh bien Antilife, c’est exactement ça.

    A 20h, ce Jeudi 02/02/2017, le suicide collectif commence sur l’introduction de leur album (enfin sorti pour l’occasion). Une basse bourdonnante, des rires de bébé…et le claquement sec et létal d’un flingue. Les choses sont claires : bien que la date soit un soutien au festival Ragnard Rock, point de flûtes ou musette, ni de Pagan Black des familles. Psycho, le chanteur, toujours aussi taré, arrive sur scène le bide lacéré (et je n’ai pas souvenir de l’avoir vu autant scarifié). Qu’avons-nous au programme ici ? Si tu me suis un peu, tu ne seras pas sans savoir que j’ai déjà vu à deux reprises Antilife (et je pense avoir déjà pas mal développé le truc dans mes anciens LR), et c’est « sans » surprise que le groupe commence sur Worms, seule chanson qui m’emballait pas trop au début. Seulement, depuis le temps, l’album a tourné autant de fois que la lame sur mes chairs, via bandcamp et youtube, et je la trouve tout simplement énorme, tout comme les enchaînements suivant (Welcome to my (ANTI)life, Bad day...En fait, chaque chanson apporte son lot de haine et de dépression). 

    Alors la recette Antilife est assez simple : du dépressif mais de la haine comme pas possible. Je l’ai déjà précisé auparavant mais jamais je n’ai pu voir un groupe sachant aussi bien allier les deux, les groupes de DSBM ayant tendance à trop miser sur la lenteur et les pleurs de gothiques qui se scarifie à la feuille de papier aha. Ici tu auras droit à de la violence viscérale et un rejet total de la vie au sens humain du terme, un dégoût de ce qui nous pousse à respirer et la gloire de l’auto-destruction. Animé par ces sentiments, le groupes se compose de plusieurs cadavres : deux guitaristes qui t'envoient le riff ou le lead qui percute ton esprit comme la balle sur les fragments de ton crâne, mélodique mais lancinant à la fois et qui te prend aux tripes, un bassiste masqué (que l’on entend d'ailleurs assez bien tout au long du concert), tel un terroriste souhaitant exterminer la totalité de l’humanité, un batteur accoutré de la même façon et qui, à la fin du concert, sort de derrière sa batterie, se déplaçant comme un zombie détruit par la vie et tout son mal-être, avant de trouver sa cible dans le public et se jetant sur lui pour le rouer de coup. Tout le public s’écarte, regardant le défouloir du batteur et le mec qui essaye tant bien que mal de se défendre, encaissant les coups et la rage du batteur. Perso, si certains cracheront à la gueule du groupe pour ça en te sortant le coup du non-respect du public et toutes ces conneries, je comprends parfaitement la démarche. Et t’es devant un groupe de DSBM extrême. Les mecs sont intègres, il vivent ce qu’ils jouent, ils se comportent comme ce qu’ils font passer dans leur musique. Si t’as peur de te froisser un muscle, retourne pleurer dans ta piaule d’adolescent et va te branler sur tes posters de Within Temptation. Ou mieux, comme dit le groupe : Hail Satan, Kill Yourself….

    Bref, revenons-en au concert et je reviens vite fait sur le chanteur également. Je serai toujours et à jamais impressionné par cette voix partant souvent en suraigus inhumains. Au final, je vais vraiment finir par croire en l’existence de Dieu et Satan, car ce genre de cris doit forcément être inspiré par la Grand Cornu Himself ! Je vois pas comment c’est possible autrement. Et une présence scénique toujours incroyable, tapant ses musiciens qui continuent de jouer, imperturbables, tels les spectateurs de leur propre dépression, et se tapant régulièrement lui-même sur le crâne et le torse avec le micro. Et si ça s’arrêtait là… Vers la fin du concert, le voilà prendre un crâne rempli de sang, en lancer sur le public et porter le calice de fortune à ses lèvres pour s’en renverser dessus. Vu l’odeur et connaissant le personnage, je sais pertinemment qu’il a pas été se servir dans une boucherie hallal. Et puis t'as toujours Psycho avec son flingue sur Shoot in My Fucking Skull, visant le public, se le foutant sur la tempe...
Enfin, pour clôturer les choses de manière grandioses après l’intégralité de Life is Pain joué sur scène, nous aurons droit à une reprise de Dunkelheit de Burzum. Et ce fut la bonne surprise car, jusqu’à présent, les mecs reprenaient du Silencer. Au moins, voilà qui permet de renouveler la chose.

Bref, un très bon cérémonial pour inciter les gens au suicide. Toujours aussi fort, toujours aussi personnel, toujours aussi haineux et extrémiste. A voir si j’irai les voir dimanche 12/02 (ça dépend des thunes). 

    Inutile de te préciser que ce sera le groupe que j’aurai le plus développé dans ce Live Report, les deux groupes suivants m’étant assez inconnus au bataillon. Je ne serai donc pas très précis les concernant mais comme d’hab, je parlerai beaucoup du ressenti.
Selvans, les Italiens, attaquent donc, officiant dans un Black Pagan qui n’est pas sans rappeler Nokturnal Mortum sans le côté musette ou les premiers Negura Bunget. En fait, t’as quand même un peu de synthé, mais c’est plutôt discret et pas autant prononcé que dans les deux groupes précités. Alors après t’as tout l’attirail au niveau des costumes, avec un chanteur en guenille assez scénique. Je sais pas pourquoi, mais je l’ai trouvé très présent sur scène grâce à un festival de mimiques, pas que ce soit ridicule, mais bien dans l’esprit de leur musique. Un peu en décalage avec notre époque en fait, mais ça renforce leur côté « Pagan ». Je reviens sur les synthés mais je trouve ça bien dommage qu’ils ont pas de claviériste en live. Parce que le peu qu’on entend renforce bien l’esprit guerrier du bazar. En gros, même s’il m’aura fallu deux trois chansons pour rentrer dedans, j’ai vraiment su apprécier leur Black païen, ayant l’impression de partir en guerre contre la civilisation à grand coup de matraquage de fûts, la double balancée telle une cavalcade de chevaux en charge contre le grand ennemi juif du monde (j’entends par là le Christ, n’y voit pas là un discours antisémite influencé par le Call of Terror hein!), pour un retour aux valeurs ancestrales prônées par un chanteur qui, vers la fin du concert, se ramènera avec un énorme tambour, instrument qu’il jouera avec des os.  J’ai particulièrement apprécié ces passages atmosphériques, où les nappes de sythés côtoient la flûte discrète…Comme une envie d’être dans une forêt sous la neige et méditer sur ma vie… Mais la voix écorchée (bien qu’un poil en retrait) du chanteur te rappelle à l’ordre, t’enseignant qu’il n’y a pas à tergiverser plus longtemps et que tu dois prendre les armes pour te relever et garder la tête haute. Bref, des hymnes guerriers as fuck sans tomber dans l’auto-parodie d’un style où prolifèrent les flûtes et les chansons à boire. Une bonne découverte en somme.

    Enfin, Khors attaquent et, je ne sais pas si c’est la Guldendraak qui monte, ou la goutte de Jagger, ou encore la fatigue du milieu de semaine, mais ça m’a carrément moins emballé. Khors, c’est un groupe Ukrainien avec un des guitaristes de Nokturnal Mortum. Et du coup, tu t’attends à du Nokturnal Mortum worship. Et c’est exactement ça…en carrément moins bon. Tu prends le riffing de NM, t’enlèves la majeure partie des synthés et toutes ces fioritures qui rendent le groupe légendaire Ukrainien si particulier, et t’obtiens un groupe très peu inspiré qui se contente d’appliquer une recette sans y intégrer le feeling si nationaliste qu’on retrouve chez eux. Et puis la gueule du chanteur qui a l’air de sortir tout droit d’un groupe de Death mélo finlandais (+ le gratteux  trop démoniaque sur sa BC Rich aha)…Bref, on dirait qu’on privilégie l’attitude à la musique et c’est dommage. Alors, c’est con quand même, parce que chaque début de morceau ne laisse présager que du bon…Et puis y’a quelque chose qui fait que ça retombe totalement à plat…Exit les batailles épiques, la volonté de défendre ses valeurs nationalistes ou la méditation dans une caverne isolée en pleine forêt…Place à un ennui profond face à un groupe qui se contente d’imiter sans quelconque intérêt. Il y a juste les deux dernières chansons qui m’ont un peu redonné « espoir », avec des riffs beaucoup plus thrashy et ses passages bien plus inspirés. C’est con de devoir attendre la fin d’un concert pour réussir à apprécier un peu la qualité d’un groupe. Je dis ça car ces dernières chansons ont vraiment quelque chose d’intéressant et ça rattraperait presque le reste de leur concert…Dommage d’en arriver là. C’est un peu comme te taper une femme au corps à faire bander un cheval…et se rendre compte qu’elle à la tête de Balasko…. Bref, c’est pas ça qui me motivera à m’intéresser à ce groupe.  Et puis c’est QUOI, ce putain de bruit de métronome entre chaque chanson ????? Sérieux, c’est du gros foutage de gueule, les mecs savent pas jouer ou quoi ??? Bordel, c’est bon quoi, vous faites pas du Prog non plus, faut arrêter !!! Surtout pour une batterie qui a l’air assez surfaite au final…

En général, les concerts proposent une montée en qualité des groupes. Pour ma part, ce soir ce fut l’inverse. Un premier groupe au summum, bien qu’un peu en décalage par rapport au reste de l’affiche, un second qui m’aura fait l’effet d’une très bonne découverte, et un troisième assez en dent de scie qui m’aura laissé plutôt mauvaise impression.

Merci donc à Ondes Noires qui, depuis la fermeture temporaire (je l’espère) d’El Diablo, se démerde pour continuer à faire vivre la scène Underground mondiale. Tout ça près de chez moi, j’ai vraiment pas à me plaindre. Un très bon moment qui aura piqué le lendemain au taff, mais ça en vaut toujours la peine.

Au programme, le week-end prochain, je vais aller soutenir mon tio Ulf (de WOTU)  avec une date locale. Au programme : Surpuissance, Sepulchral Voices et Excruciate 666. Toujours un plaisir de voir les trucs locaux et aussi une bonnes occaz de soutenir le saint père Ulf.



Pour l’anecdote sinon, au cas où les gens me demanderaient, je n’ai pas voulu faire de report pour le Call of Terror pour plusieurs raisons. Déjà, me connaissant avec mes punchline nazies, je n’aurais pas pu m’empêcher et je ne voulais pas porter préjudice à l’orga. Et puis les portables étaient interdits et je fonctionne pas mal par notes, histoire de retranscrire au mieux ce que j’ai pu ressentir sur l'instant, donc pas possible de faire un truc que je juge médiocre et qui va à l’encontre de ma conception du LR.  

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