Quand j’avais 16 ans, je commençais à me prendre la dureté
de la vie en pleine face. J'ai commencé à me scarifier les bras, j’avais constamment des idées noires et je cherchais un exutoire. Et puis j’ai découvert
le metal extrême (Transilvanian Hunger, Balrog, Gris – Il était une forêt,
Belphegor – Bondage Goat Zombie entre autres) et c’est comme si le mal s’accentuait,
me confirmant que la vie était noire, impossible de revenir en arrière, que les
choses ne pouvaient que s’empirer. J’avais raison dans un sens, sauf sur un
point : j’avais enfin trouvé une sorte de catharsis pour évacuer ces idées
noires, me permettant de mieux supporter toutes ces merdes qui te tombent
dessus, tout en cultivant cette haine de l’humain qui naissait peu à peu au fond
de moi. Et une chose en amenant une autre, me voilà à rencontrer les personnes
qui ne sont pas loin de penser exactement comme moi, avec une vision des choses
en totale adéquation et une conception de la musique totalement similaire. Ça peut t’enfoncer comme te faire supporter les choses en t’évitant le suicide,
afin de garder la tête hors de l’eau et pourvoir ainsi diffuser la sacro sainte parole de l’auto-destruction.
Eh bien Antilife, c’est exactement ça.
A 20h, ce Jeudi 02/02/2017, le suicide collectif commence
sur l’introduction de leur album (enfin sorti pour l’occasion). Une basse
bourdonnante, des rires de bébé…et le claquement sec et létal d’un flingue.
Les choses sont claires : bien que la date soit un soutien au festival
Ragnard Rock, point de flûtes ou musette, ni de Pagan Black des familles.
Psycho, le chanteur, toujours aussi taré, arrive sur scène le bide lacéré (et
je n’ai pas souvenir de l’avoir vu autant scarifié). Qu’avons-nous au programme
ici ? Si tu me suis un peu, tu ne seras pas sans savoir que j’ai déjà vu à
deux reprises Antilife (et je pense avoir déjà pas mal développé le truc dans mes anciens LR), et c’est « sans »
surprise que le groupe commence sur Worms, seule chanson qui m’emballait pas
trop au début. Seulement, depuis le temps, l’album a tourné autant de fois que
la lame sur mes chairs, via bandcamp et youtube, et je la trouve tout simplement énorme, tout comme les enchaînements suivant (Welcome to my (ANTI)life, Bad day...En fait, chaque chanson apporte son lot de haine et de dépression).
Alors la recette Antilife est
assez simple : du dépressif mais de la haine comme pas possible. Je l’ai
déjà précisé auparavant mais jamais je n’ai pu voir un groupe sachant aussi
bien allier les deux, les groupes de DSBM ayant tendance à trop miser sur la
lenteur et les pleurs de gothiques qui se scarifie à la feuille de papier aha.
Ici tu auras droit à de la violence viscérale et un rejet total de la vie au
sens humain du terme, un dégoût de ce qui nous pousse à respirer et la gloire
de l’auto-destruction. Animé par ces sentiments, le groupes se compose de
plusieurs cadavres : deux guitaristes qui t'envoient le riff ou le lead qui percute ton esprit comme la balle sur les fragments de ton crâne,
mélodique mais lancinant à la fois et qui te prend aux tripes, un bassiste masqué (que l’on
entend d'ailleurs assez bien tout au long du concert), tel un terroriste
souhaitant exterminer la totalité de l’humanité, un batteur accoutré de la même
façon et qui, à la fin du concert, sort de derrière sa batterie, se déplaçant
comme un zombie détruit par la vie et tout son mal-être, avant de trouver sa
cible dans le public et se jetant sur lui pour le rouer de coup. Tout le public
s’écarte, regardant le défouloir du batteur et le mec qui essaye tant bien que
mal de se défendre, encaissant les coups et la rage du batteur. Perso, si
certains cracheront à la gueule du groupe pour ça en te sortant le coup du
non-respect du public et toutes ces conneries, je comprends parfaitement la
démarche. Et t’es devant un groupe de DSBM extrême. Les mecs sont intègres, il
vivent ce qu’ils jouent, ils se comportent comme ce qu’ils font passer dans
leur musique. Si t’as peur de te froisser un muscle, retourne pleurer dans ta
piaule d’adolescent et va te branler sur tes posters de Within Temptation. Ou
mieux, comme dit le groupe : Hail Satan, Kill Yourself….
Bref, revenons-en au concert et je reviens vite fait sur le
chanteur également. Je serai toujours et à jamais impressionné par cette voix
partant souvent en suraigus inhumains. Au final, je vais vraiment finir par
croire en l’existence de Dieu et Satan, car ce genre de cris doit forcément
être inspiré par la Grand Cornu Himself ! Je vois pas comment c’est
possible autrement. Et une présence scénique toujours incroyable, tapant ses
musiciens qui continuent de jouer, imperturbables, tels les spectateurs de leur
propre dépression, et se tapant régulièrement lui-même sur le crâne et le torse
avec le micro. Et si ça s’arrêtait là… Vers la fin du concert, le voilà prendre
un crâne rempli de sang, en lancer sur le public et porter le calice de fortune
à ses lèvres pour s’en renverser dessus. Vu l’odeur et connaissant le personnage, je sais pertinemment qu’il a pas été se servir dans une boucherie hallal. Et
puis t'as toujours Psycho avec son flingue sur Shoot in My Fucking Skull, visant le public, se le foutant sur la tempe...
Enfin, pour clôturer les choses de manière grandioses
après l’intégralité de Life is Pain joué sur scène, nous aurons droit à une
reprise de Dunkelheit de Burzum. Et ce fut la bonne surprise car, jusqu’à
présent, les mecs reprenaient du Silencer. Au moins, voilà qui permet de renouveler
la chose.
Bref, un très bon cérémonial pour inciter les gens au
suicide. Toujours aussi fort, toujours aussi personnel, toujours aussi haineux
et extrémiste. A voir si j’irai les voir dimanche 12/02 (ça dépend des thunes).
Inutile de te préciser que ce sera le groupe que j’aurai le
plus développé dans ce Live Report, les deux groupes suivants m’étant assez
inconnus au bataillon. Je ne serai donc pas très précis les concernant mais
comme d’hab, je parlerai beaucoup du ressenti.
Selvans, les Italiens, attaquent donc, officiant dans un
Black Pagan qui n’est pas sans rappeler Nokturnal Mortum sans le côté musette
ou les premiers Negura Bunget. En fait, t’as quand même un peu de synthé, mais
c’est plutôt discret et pas autant prononcé que dans les deux groupes précités.
Alors après t’as tout l’attirail au niveau des costumes, avec un chanteur en
guenille assez scénique. Je sais pas pourquoi, mais je l’ai trouvé très présent
sur scène grâce à un festival de mimiques, pas que ce soit ridicule, mais bien
dans l’esprit de leur musique. Un peu en décalage avec notre époque en fait,
mais ça renforce leur côté « Pagan ». Je reviens sur les synthés mais
je trouve ça bien dommage qu’ils ont pas de claviériste en live. Parce que le
peu qu’on entend renforce bien l’esprit guerrier du bazar. En gros, même s’il
m’aura fallu deux trois chansons pour rentrer dedans, j’ai vraiment su
apprécier leur Black païen, ayant l’impression de partir en guerre contre la
civilisation à grand coup de matraquage de fûts, la double balancée telle une cavalcade
de chevaux en charge contre le grand ennemi juif du monde (j’entends par là le
Christ, n’y voit pas là un discours antisémite influencé par le Call of Terror
hein!), pour un retour aux valeurs ancestrales prônées par un chanteur qui, vers la
fin du concert, se ramènera avec un énorme tambour, instrument qu’il jouera
avec des os. J’ai particulièrement
apprécié ces passages atmosphériques, où les nappes de sythés côtoient la flûte discrète…Comme une envie d’être dans une forêt sous la neige et méditer sur ma
vie… Mais la voix écorchée (bien qu’un poil en retrait) du chanteur te rappelle
à l’ordre, t’enseignant qu’il n’y a pas à tergiverser plus longtemps et que tu
dois prendre les armes pour te relever et garder la tête haute. Bref, des
hymnes guerriers as fuck sans tomber dans l’auto-parodie d’un style où
prolifèrent les flûtes et les chansons à boire. Une bonne découverte en somme.
Enfin, Khors attaquent et, je ne sais pas si c’est la
Guldendraak qui monte, ou la goutte de Jagger, ou encore la fatigue du milieu
de semaine, mais ça m’a carrément moins emballé. Khors, c’est un groupe
Ukrainien avec un des guitaristes de Nokturnal Mortum. Et du coup, tu t’attends
à du Nokturnal Mortum worship. Et c’est exactement ça…en carrément moins bon.
Tu prends le riffing de NM, t’enlèves la majeure partie des synthés et toutes
ces fioritures qui rendent le groupe légendaire Ukrainien si particulier, et t’obtiens
un groupe très peu inspiré qui se contente d’appliquer une recette sans y
intégrer le feeling si nationaliste qu’on retrouve chez eux. Et puis la gueule
du chanteur qui a l’air de sortir tout droit d’un groupe de Death mélo
finlandais (+ le gratteux trop démoniaque
sur sa BC Rich aha)…Bref, on dirait qu’on privilégie l’attitude à la musique et
c’est dommage. Alors, c’est con quand même, parce que chaque début de morceau
ne laisse présager que du bon…Et puis y’a quelque chose qui fait que ça retombe
totalement à plat…Exit les batailles épiques, la volonté de défendre ses
valeurs nationalistes ou la méditation dans une caverne isolée en pleine forêt…Place
à un ennui profond face à un groupe qui se contente d’imiter sans quelconque
intérêt. Il y a juste les deux dernières chansons qui m’ont un peu redonné « espoir »,
avec des riffs beaucoup plus thrashy et ses passages bien plus inspirés. C’est con de
devoir attendre la fin d’un concert pour réussir à apprécier un peu la qualité
d’un groupe. Je dis ça car ces dernières chansons ont vraiment quelque chose d’intéressant
et ça rattraperait presque le reste de leur concert…Dommage d’en arriver là. C’est
un peu comme te taper une femme au corps à faire bander un cheval…et se rendre
compte qu’elle à la tête de Balasko…. Bref, c’est pas ça qui me motivera à m’intéresser
à ce groupe. Et puis c’est QUOI, ce
putain de bruit de métronome entre chaque chanson ????? Sérieux, c’est du
gros foutage de gueule, les mecs savent pas jouer ou quoi ??? Bordel, c’est
bon quoi, vous faites pas du Prog non plus, faut arrêter !!! Surtout pour
une batterie qui a l’air assez surfaite au final…
En général, les concerts proposent une montée en qualité des
groupes. Pour ma part, ce soir ce fut l’inverse. Un premier groupe au summum,
bien qu’un peu en décalage par rapport au reste de l’affiche, un second qui m’aura
fait l’effet d’une très bonne découverte, et un troisième assez en dent de scie
qui m’aura laissé plutôt mauvaise impression.
Merci donc à Ondes Noires qui, depuis la fermeture temporaire
(je l’espère) d’El Diablo, se démerde pour continuer à faire vivre la scène
Underground mondiale. Tout ça près de chez moi, j’ai vraiment pas à me
plaindre. Un très bon moment qui aura piqué le lendemain au taff, mais ça en
vaut toujours la peine.
Au programme, le week-end prochain, je vais aller soutenir
mon tio Ulf (de WOTU) avec une date
locale. Au programme : Surpuissance, Sepulchral Voices et Excruciate 666.
Toujours un plaisir de voir les trucs locaux et aussi une bonnes occaz de soutenir
le saint père Ulf.
Pour l’anecdote sinon, au cas où les gens me demanderaient, je
n’ai pas voulu faire de report pour le Call of Terror pour plusieurs raisons.
Déjà, me connaissant avec mes punchline nazies, je n’aurais pas pu m’empêcher
et je ne voulais pas porter préjudice à l’orga. Et puis les portables étaient
interdits et je fonctionne pas mal par notes, histoire de retranscrire au mieux
ce que j’ai pu ressentir sur l'instant, donc pas possible de faire un truc que je
juge médiocre et qui va à l’encontre de ma conception du LR.
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