samedi 17 décembre 2016

Seth + Hemelbestormer + Mortier @ El Diablo (Lille) 16/12/2016



    Je te laisse imaginer le bordel que fut cet enchaînement de week-ends. J’ai enchaîné six concerts sur deux week-ends d’affilée, à savoir les Vendredi, Samedi et Dimanche à chaque fois. Du coup, un peu la gueule dans le cul, je n’aurais fait que deux Live Report. Mais je me rattrape aujourd’hui avec une date ayant eu lieu hier chez notre bon vieux de La Chimère : El Diablo. Et mine de rien, avec le week-end prochain et leur date de Chiptune, ça me fera fouler ce sol démoniaque au moins une fois par week-end en un mois éhé. Mais ils le méritent, car le choix des bières est très bon, le son est juste excellent pour une salle lilloise. Peut-être l’éternel problème du pilier central mais c’est le cas dans chaque salle de concert en sous-sol. Perso, ça me dérange pas et c’est avec plaisir que je me bouge le cul, non sans préalablement avoir déjà sifflé une bonne Anosteke Hiver, pour voir un des vétérans de la scène Black française : Seth.

    A savoir que je ne connaissais absolument rien des premières parties, m’en fichant un peu bizarrement, mais ayant finalement eu deux surprises. Et je commencerai par la mauvaise. C’est triste car Mortier donnent leur premier concert ce soir et je vais pas spécialement être encourageant, mais le but de mon blog, si tu me lis de temps en temps, c’est de donner un ressenti sur de petites dates, que ce soit bon ou mauvais. Sachant que je pars du principe qu’une chronique, implicitement,  est quelque chose de totalement subjectif. Ou alors, faudrait vraiment avoir un melon pas possible pour prétendre donner des critiques objectives (mais si si, y’a des connards qui osent le sortir).

    Bref, Mortier démarrent donc, pratiquant un Sludge/Doom des plus classiques et, dès la première chanson, force est de constater que je n’arrive pas le moins du monde à ressentir la poisse qu’ils essaient de générer. Et c’est con parce que leur son est juste énorme, comme on en entend rarement dans ce genre de truc. Alors je me dis que c’est peut-être dû à l’effet « première chanson », comme beaucoup de groupes aiment poser ce genre d’ambiances lentes avant d’attaquer sur une track plus représentative du truc. Mais malheuuuuuuuuuuuur. La seconde me fait le même effet : l’impression constante d’entendre du break encore et encore et encore…Aaaaargh mais il est où le feeling là-dedans ? Autant j’arrive a apprécier l’expérience auditive d’un Sunn O))), ou les longues plages soporifiques d’un Dark Ambiant des plus classiques, mais là, pitiééééééé. Je me suis vraiment fait chier quoi. Et pour le coup, les mecs portent bien leur nom, sauf que pour consolider leur Doom/Sludge pachydermique , faudra penser à varier le truc. Alors je sais pas si j’étais pas en condition ce soir-là, où si c’est le fait que j’ai enchaîné pas mal de dates où le Sludge était à l’honneur, ou encore si après avoir vu Lethvm, je me dis qu’il sera difficile de trouver mieux… En tout cas, le mortier n’aura pas pris avec moi. Et je me répète mais c’est con, parce qu’il y a un son terrible pourtant, et les mecs savent jouer ça se voit… Une déception du coup, mais la plupart du public a eu l’air d’apprécier (la subjectivité je disais?). Pour moi, ça reste un groupe interchangeable, mais qui sait... j’ai déjà été surpris d’apprécier un groupe que j’avais détesté auparavant et je leur redonnerai sûrement une chance si je les recroise en première partie.

    Bon, par contre là y’a du lourd qui se prépare. Sous le nom mystérieux d’Hemelbestormer se cache un quatuor qui officie dans un Post-Metal qui m’aura surpris et foutu une bien bonne claque. Pour faire simple et être direct, c’est pile poil le genre de mélange entre Post-Rock et Metal qui marche du tonnerre chez moi. T’as absolument tout : du riff ultra lourd qui t’assomme comme un char te tombant en pleine gueule, de la mélodie déstructurée avoisinant régulièrement la dissonance et des structures alambiquées où la recherche est primordiale, tout en restant simpliste mais tellement détonant. Pouaaaaah mais ces mecs ce sont les dignes fils de Russian Circles, c’est pas possible !!! Pas pu décrocher de tout le concert tellement c’était hypnotique, avec leur 666 pédales d’effets, les mecs savent te poser une ambiance introspective as fuck sans tomber dans les travers de la branlette de manche qui les ferait passer derrière la barrière du prog. Non, eux savent doser les choses comme il faut, imposant leur lourdeur, illuminant leur chanson au bon moment d’une mélodie purement Post-Rock avant d’exploser d’un cocktail détonnant et ultra prenant. Et le côté instrumental du truc renforce encore plus cet aspect introspectif que je ressens quand je vois ce genre de groupe. Les mecs en ont bouffé du Post-Rock depuis le berceau et ça se sent ! J’en veux pour preuve ce batteur au jeu purement alambiqué, typiquement déstructuré mais qui sait monter en puissance comme il faut. Et le pire dans tout ça, c’est qu’ils trouvent le riff aussi incisif que si tu déchirais l’hymen de ta petite sœur. Convaincu, j’achète donc leur cd les yeux fermés avant de me placer de manière pas trop dégueulasse pour Seth.

    M’y étant mis il y a peu avec leur superbe album Les blessures de l’âme, je n’avais absolument aucune idée de ce qu’ils faisaient aujourd’hui, ayant toujours un peu peur de l’évolution d’un groupe après un album aussi culte. Je fais un petit aparté mais j’apprécie énormément  ce côté osé du premier album où les mecs te foutent juste un petit synthé sans tomber dans les travers d’un black symphonique ultra surfait. Et mon premier ressenti aura été que les gars savent te jouer un truc presque raw mélodique finalement, qui marche assez bien à grand coup de riffs majestueux et une voix reconnaissable entre mille : celle de Saint Vincent (Blacklodge, Vorkreist, The Arrival of Satan…Rien que ça éhé) venu pousser la chansonnette derrière le micro depuis 2016. Je sais pas mais j’ai un truc avec la voix de ce mec qui sonne peut-être assez classique mais je trouve vraiment qu’elle se démarque de l’éternel cri de corbeau asthmatique qu’on entend souvent dans cette scène. Alors ici, exit les aiguilles et l’héroïne, mais quelque chose subsiste dans la prestance du mec, à savoir toujours un satanisme pur et dur insufflé dans le micro qui ira jusqu’à te posséder totalement au fil du concert. Beaucoup de passages rythmiques, peut-être un peu trop par moment, mais qui fait flirter le groupe aux confins du Black/Indus (et ça m’étonnerai même pas qu’en cd, ça tire beaucoup vers ce sous-genre). Ou alors c’est la fameuse patte française qu’on reconnait au sein de ces groupes si particuliers. Bah oui, parce que pour moi (même si je suis assez fan malgré tout), le Black français n’est pas représenté par Peste Noire (entre autres), mais bien par toute une lignée de groupes assez dissonants et particuliers tels que Seth justement, mais aussi Aosoth, Antaeus, Deathell Omega ou Blut Aus Nord. Pour en revenir à mon ressenti du concert, je trouve ça juste GENIAL les passages hyper blastés sur fond de dissonance avec ce guitariste ultra réservé qui est peut-être le seul à ne presque pas porter de corpse paint. Mais bizarrement, c’est le genre de truc qui me passe au-dessus. Alors chez un Behexen ou Azaghal, ça m’aurait choqué, mais absolument pas chez Seth.  Et les mecs arrivent à être ultra carrés tout en restant assez true dans leur démarche. Je ne saurais pas l’expliquer mais ça se sent totalement ce genre de truc. Enfin bref, je pense avoir fait le tour, étant donné que je ne connais qu’un album et justement, quel plaisir d’avoir enfin une chanson des Blessures de l’âme en fin de set, et quelle chanson ! Celle-là même qui clôture l’album en question puisqu’il s’agit de A la mémoire de nos frères avec son riffing saccadé du début et ces mélodies limite pagan parfois. Mais ça marche à fond et c’est totalement sur le cul que je finis le concert, à la limite du PLS cervical.


    Deux claques sur trois groupes, je trouve ça plus qu’honnête et je tiens à remercier particulièrement Riffeater qui nous a permis d’assister à une date monumentale avec un groupe que j’estime assez bien calé dans la scène. Merci aux groupes ayant joué également, au public qui s’est bougé et également au El Diablo, qui est une salle que j’apprécie énormément avec le temps. Changez pas les gars, c’est juste parfait !

Prochaine étape : la soirée Nintendocore/Chiptune à El Diablo également.

ONLY LIVE IS REAL

lundi 5 décembre 2016

Pensées Nocturnes (Paria) + Ave Tenebrae @ El Diablo (Lille) 04/12/2016




(Bon, par contre j'ai a nouveau des soucis de mise en page et de couleurs dès que je fais un copier/coller, que je n'arrive pas à régler. J'espère que ça ne te gâchera pas la lecture!)


    Le Live Report d’Urfaust à peine en ligne que je vois cette annonce : « He oui les gars. La surprise était de taille. Et il est l'heure de la révéler: ce soir au el diablo, la venue magique et exclusive de Pensées Nocturnes sous le nom de Paria, beau cadeau de Ondes Noires Lille à tous les fans nordistes du groupe. On vous aime. Bougez vous. ». Mais bordel, deux jours à enchaîner des concerts et ne dormir que 4 heures, associé à la reprise du taff du lendemain, je t’avoues que j’ai exceptionnellement badé. Déjà les dimanches soirs sont pas forcément joyeux, mais alors là… Finalement, après deux heures de réflexion, à pas me sentir capable d’y aller, ni une ni deux, je saute dans ma caisse direction Lille. Le tout premier concert d’un groupe qui a une signification tellement particulière pour moi… J’aurai regretté toute ma vie de les avoir loupés.

    Bref ! En 30 minutes, me voici devant El Diablo, et il s’agit d’Ave Tenebrae qui nous abreuve de leur Black/Death mélodique. T’auras bien sûr compris que j’aurais donc loupé Hast, mais je les avais déjà vu auparavant donc c’est un moindre mal (c’est aussi pourquoi je ne les ai pas mis dans le titre de ce LR). Une mousse en main, je retrouve donc les personnes de bonne compagnie qui m’avaient motivés à me bouger et, force est de constater qu’il y a peu de monde pour un tel événement. Tant pis pour l’asso, tant mieux pour moi. Au moins, pas de soucis pour se placer et apprécier le Black/Death des français. J’aurais malheureusement loupé la moitié du concert avec mon arrivée tardive, mais les trois chansons que j’ai entendues m’ont totalement convaincu. En fait imagine une sorte de Sacrificia Mortuorum qui se mettrait à faire du Black/Death. Le résultat est assez convaincant et les mecs assurent comme il faut. Entre le chanteur et ses airs à la Tonton Benton, le bassiste très motivé, le guitariste un peu en retrait qui vit sa musique à sa manière et un batteur qui sait frapper fort, la recette marche du tonnerre. J’ai quand même l’impression que les mecs tirent un peu sur l’avant-garde parfois, ne serait-ce que par ces breaks où la basse est très présente, sur fond de guitare lead résonnant comme une invitation à la contemplation. Contemplation vite balayée par une tempête de blast et de riffs tous plus mélodiques les uns que les autres, mais pas en mode tapette soyons clair ! Non, ici tu prends du riffs et du lead purement black mélo et tu le fait tournoyer juste assez pour fermer les yeux…Et devoir les rouvrir car un autre break qui sort de nulle part s’insinue dans tes esgourdes pour que ton cerveau pète un fusible. Alors dit comme ça, ça aurait pu être un descriptif d’un groupe de prog, mais détrompe-toi ! J’ai l’impression que la recherche de la variété des différents passages est une priorité première pour le groupe, sans tomber dans des travers casse-couilles comme on en voit trop souvent dans le metal à lunettes. Et puis ça permet aussi de pas se faire chier une seule seconde parce que ce sont quand même des chansons à rallonges aha. Je pense avoir fait le tour de mon ressenti. Je finirai juste sur ce final où l’ensemble te donne simplement envie de brandir le poing tellement ce fut prenant, avant d’enchaîner avec une conclusion ultra mélancolique, où chaque instrument finit par s’éteindre peu à peu, afin de laisser place au calme et au retour à la réalité. Il n’en aura pas fallu plus pour me convaincre d’acheter leurs deux albums. Et d’ailleurs, j’écoute justement Tandis que les parjures se meurent, et je constate que la dernière chanson live fut la dernière de l’abum. Alors fonce écouter cette chanson éponyme de ce pas !

    Peu d’attente entre les deux groupes, et c’est notamment ça que j’aime chez Ondes Noires : l’aspect très pro du truc. Pas que ça me dérange de faire durer un peu entre chaque groupe mais là, j’ai quand même un taff à assurer le lendemain aha. Bref, pour l’anecdote, la tête d’affiche était censé être un groupe factice nommé Paria. L’idée m’a quelque peu énervé à l’annonce de la chose mais j’ai eu certaines explications après coup. Notamment l’envie du groupe de voir comment se passe leur premier concert, en mode assez intimiste. Et quand j’y repense, le descriptif de Paria était un putain d’indice pour découvrir que Pensées Nocturnes jouerait ce soir (je te fous en bas d'article ce descriptif d'ailleurs). Ajoute à ça l’envie de PN de monter un line-up live en début d’année, ainsi qu’une question lancée sur leur facebook afin de savoir quelles chansons les gens voulaient entendre.... En résumé, plusieurs indices qui, mis bout à bout, se rendent assez évident. 

    Et finalement, cette démarche est totalement à l’image du groupe. Grotesque et absurde, tout en restant sérieuse. C’est donc excité comme un gosse s’apprétant à voir entrer le clown sur la piste de cirque que je me sens : curieux et impatient à la fois. Et force est de constater que les mecs font fort. Rien que leur habillage est juste PARFAITEMENT à leur image. Le chanteur (tête pensante de ce one-man-band studio) torse nu, avec ses bretelles et son maquillage de clown inquiétant, entouré de son orchestre de fantômes décharnés. Parfait, le spectacle peut démarrer. Tous les instruments réguliers sur albums y passeront : trompette, harmonica, accordéon… Le tout accompagné par les guitares tantôt black, tantôt lancinantes, tantôt jazzy, la basse suintant la mélancolie, la batterie juste extrêmement violente (je ne m'en rendais pas compte à l'écoute des cds, pourtant c'est flagrant, notamment sur Rahu!)  et la voix dépressive si caractéristique de Vaerohn, mais alterné également avec celui d’un des guitaristes. Mais pas que ! Car si tu connais PN, tu reconnaîtras également ce chant clair tellement lancinant et déclamé tel un artiste dans le cabaret dépressif qu’est devenu El Diablo ce soir. Et sérieux, les interludes trompettes et piano sont juste ultra magiques. Et tu te retrouves plongé en plein théâtre du Grand-Guignol où le grotesque tient une place de premier choix. Un peu à l’image de la démarche du groupe. Car si Vacuum nous offrait un Black Dépressif aux relents de Chopin et de musique néo-classique, le second a tout de suite posé les bases d’un style unique en son genre, comme si Vaerohn avait juste envie d’aller véritablement en contre-courant d’un courant musical qui se suicide à petit feu. Et bizarrement, sans vraiment arriver à mettre le doigt dessus, j’arrive à comprendre la démarche et la voie qu’il a trouvé, me délectant depuis tant d’année de ces lancinantes pièces contenues dans chaque album. En fait, il ne manquerait plus que le marionnettiste penché au-dessus de la scène, faisant vivre cet orchestre décharné, tellement grotesque où les parias du Black Metal se sont imposés comme une référence en matière d’avant-garde à la française. Et justement, t’es totalement projeté dans cette vieille France du XIXème siècle, au sein même de Paris pour être plus précis, avec ses ruelles pavées infestées de rats où l’artiste ivre se perd, comme s’il se retrouvait projeté au cœur même des méandres de sa vie. Car chez Pensées Nocturne, il est impossible de dissocier la dépression de cet absurde tableau peint par notre existence. Et ils auront réussis à nous le prouver à merveille via ce premier échange avec les marionnettes que nous sommes, manipulés par l'artiste qui aura su nous modeler dans ce moule d'absurdité grand guignol sans faille, ni limite.
Et quoi de plus enthousiasmant au sein de cette folie que de découvrir un nouveau titre nommé Deux bals dans la tête, ne laissant présager que de bonnes choses pour l'avenir du groupe, poussant le concept du cirque absurde encore plus loin. Lorsque les lumières se rallument, je suis tout simplement subjugué par ce concert qui m'aura paru durer que 5 minutes. Une chose est donc sûre : la magie manipulatrice de Pensées Nocturnes fonctionne donc bien en concert!

N'oubliez pas : Ceci est de la musique!

En bonus, je rajoute la setlist du concert, chose que je ne fais jamais, mais dans le cas de Pensées Nocturnes, il me fallait ajouter un peu de sérieux dans ce blog où le ressenti à chaud prime sur la rigueur et l’analyse pseudo intellectuelle comme le fond certains magazines à l'ego surdimensionné.



Un immense merci à Ondes Noires du coup, qui m’ont permis d’assister à un de mes concerts coup de cœur de l’année. Merci à la salle et merci aussi aux groupes, qui m’ont tout simplement subjugués par leur concept.

"Comme un vide oppressant dans une allée sans lumière, comme un cirque ridicule et grandiose, comme un air de musette sali par la pisse et rongé par les vers, comme une table remplie de victuailles et de boissons, la musique de Paria Ne se laisse pas apprécier facilement, car elle vit par elle même. Elle se tortille, se mélange, se crispe. Les voix chantent, sifflent, hurlent. Les instruments se marient, divorcent et font la fête, ou se tabassent. 
Paria Nourrit une belle part d'expérimentation, de pensées sombres, et fort de déjà quatre albums, le projet, mené d'une main verdatre par son chef d'orchestre malade va se produire pour la première fois sur les planches, chez nous, à Lille. Ceci est de la chance que nous avons. Il ne faut pas la laisser passer. "

SETLIST : 
Monosis
Paria
Le Marionnettiste
Rahu
Deux bals dans la tête
Les Yeux Boiteux.

dimanche 4 décembre 2016

Death in Rome + Urfaust + Wolvennest + B O N E P I P E + Ashtoreth @ Magasin 4 (Bruxelles) 03/12/2016



    Me voici de retour dans le plat pays pour une date qui m’avait fait de l’œil depuis un moment. En effet, pour célébrer les cinq années de A thousand lost civilisations, nous n’aurons pas moins de cinq groupes qualitatifs venus nous chauffer les esgourdes au Magasin 4, salle que j’apprécie particulièrement à Bruxelles.

    C’est donc accompagné de quatre personnes de bon aloi que nous prenons la route, non sans être un poil fatigué d’un concert ayant eu lieu la veille sur Lille (Oruga et Atavisma - à écouter absolument - je ne te ferai pas l’affront de citer le groupe d’ouverture tellement ça puait la vieille chiasse de tétraplégique pestiféré). Malheureusement, pas eu le temps de faire de LR cette fois-ci, et deux jours plus tard j’estime que c’est encore moins chaud dans mon esprit que tonton David Bensoussan qui sort de la douche.

   Bref, avant toute chose nous aurons eu l’immense plaisir de découvrir les rues de la capitale, tombant sur de bien bonnes échoppes, autant spécialisées dans le jeu vidéo que les vynils.
Et c’est sans tarder que nous pénétrerons dans cette grande salle, idéale pour ce genre de dates, afin de voir le premier groupe. Un certain Ashtoreth ouvrira nos chakra ce soir. Il s’agit là d’un one-man-band mélangeant… Enfin, c’est un peu difficile à décrire tellement t’as l’impression d’entendre ce méchoui bâtard entre drone, folk psyché et ambient. J’avais jeté une oreille sur youtube histoire de me faire une idée et j'avais assez apprécié, mais ce soir, ça m’en a titillé une sans vraiment faire trembler l’autre. Je pense qu’en début, balancé comme ça, c’est pas forcément le genre de truc qui passe assez bien.  Du coup, pas le temps de niaiser, le houblon l’emportera.

    C’est dans le gel que nous nous réchaufferons donc, à coup d’Affligem ou de Chimay bleue, ne voyant pas le temps passer à grand renfort de discussions sur les autistes de Lille et autres joyeusetés de bon goût. 

    Mais ne laissons pas les mouches s'enculer car il est temps pour B O N E P I P E de monter sur scène afin de nous asséner leur Doom pachyderme. Je t’avoue que même mes oreilles ont tremblé comme arrière-mammie Parkinson. Alors après, sans révolutionner le genre, les mecs arrivent quand même à bien faire leur boulot. Disons qu’après la déception Ashtoreth, ça m’a quand même remotivé. Et puis ce qui m’a pas mal convaincu malgré tout, ce sont tous ces passages où les larsens s’insinuent jusque chaque recoin de ton cerveau afin de te rendre plus maboul qu’Antonin Artaud. Voilà qui traçait une frontière ténue avec le drone. Ajoute à ça plusieurs interludes noisy histoire de finir de t’achever. Je relativise quand même mon propos car sur la longueur j’ai commencé à m’emmerder. Je pense qu’il y a un certain potentiel à travailler derrière mais à eux de trouver lequel. Sympa donc, mais sur la durée, un poil longuet. D’ailleurs faudra aussi m’expliquer à quoi servait cet écran qui diffusait des animations en mode lecteur windows media player. Heureusement, arrivé au milieu du concert, de vrais images viennent t’endoctriner. Apparemment, les mecs aiment bien tout ce qui touche à l’Inde.

    En revanche, là arrive le groupe qui m’aura totalement subjugué. Et je te parles de Wolvennest, projet très récent combinant Dark metal doomisé et psyché ultra perché, à la limite du futurisme. Forts d’une première sortie EP, les gars savent te faire voyager dans un autre plan dès les premières notes. Ça aurait pu être ce à quoi aurait ressemblé un Pink Floyd qui aurait changé de drogue aha ! Le point fort du groupe, c’est aussi sa composition, avec notamment trois guitares et la chanteuse/synthé. Alors tout de suite, j’ai peur, je me dis que ça va peut-être être un groupe qui essaye de vendre grâce à ça ! Eh bien détrompe toi donc jeune profane !!! C’est simple : les incursions vocales de la miss sont tout simplement très rares et placées au moment idéal, un peu comme pour laisser une place de premier choix pour cette ambiance astrale de très bonne facture. Le clip officiel live peut bien te donner une idée du bazar je pense. Non mais écoute-moi ces sons modifiés comme ton cerveau qui commence à se désolidariser et à se noyer dans l’espace-temps pour ne plus faire qu’un avec les démons que tu vois jouer. Car oui, en plus de taper dans du psyché astral, tu sens le côté occulte du bazar, tantôt appuyé par la voix ensorcelante de la jeune femme, tantôt par cet orgue Hammond ultra rétro. Mention spéciale au sosie de Selim Lemouchi qui nous lâche de sacrés hurlements en plein milieu du concert, ainsi qu’au guitariste qui sort tout droit de Qui veut la peau de Roger Rabbit. Et oui, j’assume mes références. J’ai trouvé aussi que les chansons étaient peut-être un peu plus construites comme un morceau de post-rock, sans en devenir, bien évidemment.  Après ça, comment tu veux revenir à la réalité ? Perso, mon cerveau traîne encore quelque part en dehors du temps, peut-être même sûrement dans un trou noir, incarnation même de Wolvennest qui aura, soit convaincu, soit fait fuir la plèbe. Perso, ça a juste été la première claque de la soirée…

    Dur de se remettre d’une telle ambiance, mais c’est quand même à Urfaust de se produire à présent. Pour la troisième fois que je les vois, je savais que nous allions passer un moment particulier et jouissif et c’est avec plaisir que nous trouvons de bien bonnes places au pied de la scène qui pour l’évènement (et comme à chaque concert de Black Metal ici-même), s’est parée d’une centaine de cierges noirs, de crânes et autres joyeusetés fleurant bon la vénération du Malin. Les cierges plantés dans des bouteilles de vinasses vides ne nous tromperont pas : nous sommes bien devant Urfaust et leur Ritual Music for True Clochard. J’en profite d’ailleurs pour préciser qu’il n’y a absolument aucune parole dans Urfaust, le groupe préférant sûrement entrer en communion avec un certain ésotérisme en scandant ces syllabes réinterprétée avec brio et justesse en concert. Après une introduction parlée en allemand (décidément, je commence à croire que c’est fait exprès aha) sur fond de guitare saturée, limite noise, le groupe se fait attendre mais finit par arriver. Alors me demande pas les titres des chansons. Je ne compte pas détailler une setlist, et si tu me lis depuis longtemps tu sais que je me fais pas chier avec ça. En tout cas, j’ai juste été subjugué par la chanson du split avec Joyless. Un grand moment, à n’en pas douter ! A tel point que j’ai bien dû me la renvoyer une dizaine de fois aujourd’hui… Cependant, très vite, je me mets à réaliser que ce concert sera très particulier. Notamment par son côté très doom. Car si le black atmosphérique de ces hollandais sait te poser une telle ambiance, c’est aussi par la lenteur d’une tripotée de chansons et j’en veux pour preuve cette version exagérément doom de Ragnarök Mystiker, vraiment ralentie à l’extrême. Mais le pire c’est que ça a marché. Une fois le blocage passé, je n’ai su faire autrement que de fermer les yeux la moitié du temps, me laissant envoûter par le chant clair et ritualiste de IX. Tiens d’ailleurs, en parlant de chant, je suis totalement sur le cul d’entendre ses hurlements qui, sur album sonnent assez dépressifs et ici, seront juste un amas de saturation digne d’un Behexen de la grande époque. Cherche pas, je me comprends et voilà encore quelque chose qui aura fait mouche. Et c’est sans compter ce final où le chanteur branche son jack sur son clavier, afin d’interpréter ce qui me semblait être une chanson tirée de Drei Rituale Jenseits Des Kosmos, EP avec lequel j’ai découvert le groupe il y a plusieurs années, à l’ambiance ultra oppressante et en dehors de toute considération métaphysique, ainsi que Verflucht Das Blenden Der Erscheinung. Ou comment finir en beauté après plus de 45 minutes de lenteur pour clochard éthylisé. Après, j’ai eu la chance de les voir déjà deux fois avec une setlist beaucoup plus « normale » et bourrée d’hymnes. Du coup, ce soir, la spécificité de leur setlist aura pu en choquer beaucoup qui se seront barrés avant la fin, mais chez moi ça a fonctionné. J’ai autant apprécié que Wolvennest honnêtement, et impossible de reprendre pied. J’aurais juste aimé qu’ils jouent Von Gesicht und Rätsel. Ça m’a pas mal étonné qu’ils la passent à la trappe.
Suite à ça, j’aurais eu un intense coup de mou après ces deux claques (à cause de la nuit de 4h de la veille, il faut bien l’avouer), qui m’aura fait lutter pour continuer à rester debout devant Death in Rome.

    Mais parlons déjà du concept, quelque chose de somme toute particulier. Death in Rome propose un neofolk assez qualitatif mais ayant un registre uniquement ciblé sur des reprises de pop. Que ce soit Georges Michael, Aqua ou Miley Cyrus, beaucoup de tubes mainstream y passent. Et le pire, c’est que ça fonctionne. Le rendu est plutôt excellent, dans le sens où l’on croirait vraiment entendre une chanson de neofolk purement lancinante et prenant aux tripes.  Le tout dans un style pas si éloigné de Rome ou :Of the wand & the moon: pour te donner une idée.
Le concept étant posé, qu’en est-il du rendu live? Eh bien malheureusement, le groupe s’est pas mal cassé la gueule D’une part j’espérais sincèrement que la moitié de la salle se casserais paskecépadumétal, et j’en fut satisfait. Mais honnêtement, je ne sais pas si c’est le son des effets (un mec uniquement consacré à ça devant une rangée conséquente de pédale/platine/je n’sais pas quoi encore mes couilles) ou le peu de tubes que j’ai reconnu, mais je me suis assez emmerdé. Bon les problèmes de son, j’avoue que tout dépendait des chansons et on aura eu droit à le reprise de Pump up the Jam, juste magique franchement. Tout comme celle de Diamonds de Rihanna, un peu foireuse au début mais vite rattrapée. Toujours est-il que j’ai du sortir prendre l’air deux fois durant leur show parce que je m’emmerdais quand même pas mal. Aaaaargh, mais comment c’est possible de foutre en l’air un concept aussi excellent ? J’ai la fâcheuse impression de m’être senti comme Hitler envahissant la Pologne. Une immense déception qui m’a donné envie de me tirer une balle.

Bref, je ne m’étendrais pas sur le sujet car je ne saurai pas quoi dire d’autre.

    En résumé, vraiment deux grosses claques qui se sont imposées à moi : Urfaust et Wolvennest, ambient à leur façon, prenant aux tripes à leur manières.


Prochaine étape, vendredi sur Douai, deux dates qui me font de l’œil. A savoir, Unsu d’un côté et Noise Emission Control de l’autre.