Je te laisse imaginer le bordel que fut cet enchaînement de
week-ends. J’ai enchaîné six concerts sur deux week-ends d’affilée, à savoir les Vendredi, Samedi et Dimanche à chaque fois. Du coup, un peu la gueule dans le
cul, je n’aurais fait que deux Live Report. Mais je me rattrape aujourd’hui avec une
date ayant eu lieu hier chez notre bon vieux de La Chimère : El Diablo.
Et mine de rien, avec le week-end prochain et leur date de Chiptune, ça me
fera fouler ce sol démoniaque au moins une fois par week-end en un mois éhé.
Mais ils le méritent, car le choix des bières est très bon, le son est juste
excellent pour une salle lilloise. Peut-être l’éternel problème du pilier
central mais c’est le cas dans chaque salle de concert en sous-sol. Perso, ça
me dérange pas et c’est avec plaisir que je me bouge le cul, non sans
préalablement avoir déjà sifflé une bonne Anosteke Hiver, pour voir un des vétérans de la scène Black française : Seth.
A savoir que je ne connaissais absolument rien des premières
parties, m’en fichant un peu bizarrement, mais ayant finalement eu deux
surprises. Et je commencerai par la mauvaise. C’est triste car Mortier donnent
leur premier concert ce soir et je vais pas spécialement être encourageant,
mais le but de mon blog, si tu me lis de temps en temps, c’est de donner un
ressenti sur de petites dates, que ce soit bon ou mauvais. Sachant que je pars
du principe qu’une chronique, implicitement, est quelque chose de totalement subjectif. Ou
alors, faudrait vraiment avoir un melon pas possible pour prétendre donner
des critiques objectives (mais si si, y’a des connards qui osent le sortir).
Bref, Mortier démarrent donc, pratiquant un Sludge/Doom des
plus classiques et, dès la première chanson, force est de constater que je n’arrive
pas le moins du monde à ressentir la poisse qu’ils essaient de générer. Et c’est
con parce que leur son est juste énorme, comme on en entend rarement
dans ce genre de truc. Alors je me dis que c’est peut-être dû à l’effet « première
chanson », comme beaucoup de groupes aiment poser ce genre d’ambiances
lentes avant d’attaquer sur une track plus représentative du truc. Mais
malheuuuuuuuuuuuur. La seconde me fait le même effet : l’impression
constante d’entendre du break encore et encore et encore…Aaaaargh mais il est où le feeling là-dedans ? Autant j’arrive a apprécier l’expérience
auditive d’un Sunn O))), ou les longues plages soporifiques d’un Dark Ambiant
des plus classiques, mais là, pitiééééééé. Je me suis vraiment fait chier quoi.
Et pour le coup, les mecs portent bien leur nom, sauf que pour consolider leur
Doom/Sludge pachydermique , faudra penser à varier le truc. Alors je sais pas
si j’étais pas en condition ce soir-là, où si c’est le fait que j’ai enchaîné
pas mal de dates où le Sludge était à l’honneur, ou encore si après avoir vu
Lethvm, je me dis qu’il sera difficile de trouver mieux… En tout cas, le
mortier n’aura pas pris avec moi. Et je me répète mais c’est con, parce qu’il y
a un son terrible pourtant, et les mecs savent jouer ça se voit… Une déception
du coup, mais la plupart du public a eu l’air d’apprécier (la subjectivité je disais?). Pour moi, ça reste
un groupe interchangeable, mais qui sait... j’ai déjà été surpris d’apprécier un
groupe que j’avais détesté auparavant et je leur redonnerai sûrement une chance si je les recroise en première partie.
Bon, par contre là y’a du lourd qui se prépare. Sous le nom
mystérieux d’Hemelbestormer se cache un quatuor qui officie dans un Post-Metal
qui m’aura surpris et foutu une bien bonne claque. Pour faire simple et être
direct, c’est pile poil le genre de mélange entre Post-Rock et Metal qui marche
du tonnerre chez moi. T’as absolument tout : du riff ultra lourd qui t’assomme
comme un char te tombant en pleine gueule, de la mélodie déstructurée avoisinant régulièrement la dissonance et des structures alambiquées où la
recherche est primordiale, tout en restant simpliste mais tellement détonant.
Pouaaaaah mais ces mecs ce sont les dignes fils de Russian Circles, c’est pas
possible !!! Pas pu décrocher de tout le concert tellement c’était
hypnotique, avec leur 666 pédales d’effets, les mecs savent te poser une
ambiance introspective as fuck sans tomber dans les travers de la branlette de
manche qui les ferait passer derrière la barrière du prog. Non, eux savent
doser les choses comme il faut, imposant leur lourdeur, illuminant leur chanson
au bon moment d’une mélodie purement Post-Rock avant d’exploser d’un cocktail
détonnant et ultra prenant. Et le côté instrumental du truc renforce encore
plus cet aspect introspectif que je ressens quand je vois ce genre de groupe.
Les mecs en ont bouffé du Post-Rock depuis le berceau et ça se sent ! J’en
veux pour preuve ce batteur au jeu purement alambiqué, typiquement déstructuré mais qui sait monter en puissance comme il faut. Et le pire dans tout ça, c’est
qu’ils trouvent le riff aussi incisif que si tu déchirais l’hymen de ta petite sœur.
Convaincu, j’achète donc leur cd les yeux fermés avant de me placer de manière
pas trop dégueulasse pour Seth.
M’y étant mis il y a peu avec leur superbe album Les
blessures de l’âme, je n’avais absolument aucune idée de ce qu’ils faisaient
aujourd’hui, ayant toujours un peu peur de l’évolution d’un groupe après un
album aussi culte. Je fais un petit aparté mais j’apprécie énormément ce côté osé du premier album où les mecs te
foutent juste un petit synthé sans tomber dans les travers d’un black
symphonique ultra surfait. Et mon premier ressenti aura été que les gars savent
te jouer un truc presque raw mélodique finalement, qui marche assez bien à
grand coup de riffs majestueux et une voix reconnaissable entre mille :
celle de Saint Vincent (Blacklodge, Vorkreist, The Arrival of Satan…Rien que ça
éhé) venu pousser la chansonnette derrière le micro depuis 2016. Je sais
pas mais j’ai un truc avec la voix de ce mec qui sonne peut-être assez
classique mais je trouve vraiment qu’elle se démarque de l’éternel cri de
corbeau asthmatique qu’on entend souvent dans cette scène. Alors ici, exit les
aiguilles et l’héroïne, mais quelque chose subsiste dans la prestance du mec, à
savoir toujours un satanisme pur et dur insufflé dans le micro qui ira jusqu’à
te posséder totalement au fil du concert. Beaucoup de passages rythmiques,
peut-être un peu trop par moment, mais qui fait flirter le groupe aux confins
du Black/Indus (et ça m’étonnerai même pas qu’en cd, ça tire beaucoup vers ce
sous-genre). Ou alors c’est la fameuse patte française qu’on reconnait au sein
de ces groupes si particuliers. Bah oui, parce que pour moi (même si je suis
assez fan malgré tout), le Black français n’est pas représenté par Peste Noire
(entre autres), mais bien par toute une lignée de groupes assez dissonants et
particuliers tels que Seth justement, mais aussi Aosoth, Antaeus, Deathell Omega
ou Blut Aus Nord. Pour en revenir à mon ressenti du concert, je trouve ça juste
GENIAL les passages hyper blastés sur fond de dissonance avec ce guitariste
ultra réservé qui est peut-être le seul à ne presque pas porter de corpse
paint. Mais bizarrement, c’est le genre de truc qui me passe au-dessus. Alors
chez un Behexen ou Azaghal, ça m’aurait choqué, mais
absolument pas chez Seth. Et les mecs
arrivent à être ultra carrés tout en restant assez true dans leur démarche. Je
ne saurais pas l’expliquer mais ça se sent totalement ce genre de truc. Enfin
bref, je pense avoir fait le tour, étant donné que je ne connais qu’un album et
justement, quel plaisir d’avoir enfin une chanson des Blessures de l’âme en fin
de set, et quelle chanson ! Celle-là même qui clôture l’album en question
puisqu’il s’agit de A la mémoire de nos frères avec son riffing saccadé du
début et ces mélodies limite pagan parfois. Mais ça marche à fond et c’est
totalement sur le cul que je finis le concert, à la limite du PLS cervical.
Deux claques sur trois groupes, je trouve ça plus qu’honnête
et je tiens à remercier particulièrement Riffeater qui nous a permis d’assister
à une date monumentale avec un groupe que j’estime assez bien calé dans la
scène. Merci aux groupes ayant joué également, au public qui s’est bougé et
également au El Diablo, qui est une salle que j’apprécie énormément avec le
temps. Changez pas les gars, c’est juste parfait !
Prochaine étape : la soirée Nintendocore/Chiptune à El Diablo également.
ONLY LIVE IS REAL