samedi 30 avril 2016

La Fête aux Tarés @ Bistrot de la gare St Sauveur (Lille) 29/4/2016


    En voilà une date qu'elle fait plaisir! Le bistrot de la gare Saint Sauveur propose toujours des événements gratuits et, de temps en temps, des dates metal. Je me rappelle avoir malheureusement loupé Anaal Nathrakh pour cause de gastro diarrhéique foudroyante il y a 3 ou 4 ans, mais je me suis rattrapé en ayant assisté aux dates de Fuck the facts (avec les incontournables Unsu en première partie) et Twilight of the gods, Rotting Christ et Negura Bunget. Bref, du beau monde se ramène ici ce soir encore! Et sur 3 jours s'il-vous-plaît! De quoi satisfaire les plus boudeurs d'entre vous. Pour ma part, seule la date du Vendredi m'intéressait, et je m'y suis tenu. Et puis, louper la friterie avec la belle-famille pour voir Black Bomb A, ça m'aurait bien fait chier. Pour l'anecdote, ces trois jours de concerts ont été organisés afin de fêter les 35 ans du Carré des halles, point de chute de nombre d'amateurs de musiques extrêmes en plein milieu du quartier des bars lillois. Et tout ça sur 2 scènes, permettant aux groupes d'enchaîner sans aucun temps mort, dont une en extérieur et, pour le coup, ils ont eu pas mal de bol vu le temps de chiottes qu'on s'est tapé cette semaine. Mais Dieu doit aimer le metal car il a arrêté de dracher une heure avant.

    Suite à la circulation lilloise aussi fluide qu'une coulée de béton en plein été, j'arrive tout juste pour le premier groupe qui m'est alors totalement inconnu. Il s'agit d'un certain Astimos, et la mocheté du nom n'a d'égal que la qualité du concert. Une sorte de Modern Metal qui s'est voulu extrême en clôturant le show par une chanson tapant pas mal dans le black/death. Pas du tout mon truc donc, et je file vite me chercher de quoi me désaltérer.

    Misery enchaîne donc sur la scène principale, proposant un Hardcore des familles faisant passer Slipknot pour des gros méchants. Car oui, j'ai l'impression d'entendre une version un peu gay du bazar. Déjà que le Hardcore n'est pas du tout mon style de prédilection, mais alors là... Trop de chant clair, trop de riff Nu-Metoooool. Mais bon, c'est pas grave car je ne venais pas spécialement pour les premières parties. Pas que je sois allergiques aux découvertes, bien au contraire, mais vu que c'est gratuit... Rho pis la dégaine cliché du balançage de nuque en rythme Attack-Attack-Style, c'est tellement magique!

    S'ensuit alors Wild, sorte de death/Thrash sympathique qui est en faite une suite au "défunt" Wild Karnivor. Ouais, en fait c'est les même gars, mais z'ont changé le nom du groupe. Dans mes souvenirs, Wild Karnivor proposait quelque chose de vraiment cool, à base de death limite prog (un saxo sur scène il me semble me souvenir, mais je peux me tromper). Je dirais pas que ça casse trois pattes à un cul de jatte, mais c'est le genre de première partie qui se laisse écouter dans le fond en discutant et en sirotant une tiote mousse. 

    Bon, je vais assez vite sur ces trois premiers groupes parce que j'ai pas vraiment regardé attentivement, et car la claque de la soirée arrive justement! En effet, il est 20h30 et Leng Tch'e foule les planches de la scène principale. Si tu connais pas, sache que tu loupes ta vie! Car leur Grind assez influencé par la période Death/Grind de Napalm Death envoie, mais d'une puissance! Franchement, ça doit faire un an que j'ai pas fait une bonne date de Grind, mais là ça m'a foutu un sacré coup de pied au cul, et comme souvent, je me demande pourquoi je n'en fais pas plus souvent! Un chanteur qui nous gratifie d'une joie immense d'être là et toujours le sourire aux lèvres! Comme à son habitude, le public en profite pour bouger, mais, comme d'habitude également, pas mal de jeunot (que tu ne vois jamais à des dates payantes, sauf sur la prochaine tournée de Kataklysm à 20 euros la place...) qui se la joue metôl "wesh j'en écoute depuis que j'suis né mais je connais que Sepultura, Slayer et Napalm Death paskecétrobien". D'ailleurs ça m'énerve viscéralement de voir ces mêmes mecs monter sur scène quand le chanteur les invite à chanter. Le résultat en est assez affligeant, à grands coups de "ohéohéohé". Putain, les gars, suffit pas de gueuler dans un micro pour savoir faire du Grind... M'enfin, comme je le dis régulièrement, le public metal est pas mal gerbant. Et puis attends, les mecs veulent surtout pas descendre de là! Ah non, ils sont contents de se faire remarquer! A la mode Jean-Michel Kevin quoi! Tiens, c'est drôle, ça me rappelle mon dernier Live Report...Et je me dis que deux Jean-Michel sur trois LR c'est assez déprimant...
Bref, grosse grosse claque sur Leng Tch'e! J'ai beau les avoir déjà vus au Lille Grind Winter Fest à Roubaix en 2010, c'est exactement le genre de trucs que tu peux te taper 10 fois par an, ce sera toujours bien. Un peu comme nos régionaux Unsu en fait éhé.

    Le jour commence à baisser, et voilà qui est parfait pour Pestifer qui démarre leur Black/Death obscur et violent sous les derniers rayons du soleil. Alors que je mette les choses au clair : j'adore tous ces groupes au son garage, bien crades et j'ai tendance à peu apprécier ce qui est trop bien produit, voire surfait. Cependant, un bon groupe comme Pestifer qui utilise le trigg à des fins de bonne violence en béton, ça te défouraille les esgourdes! En fait, ça m'a un peu rappelé ce que font les Nordistes de Bliss of Flesh, dans un registre un peu moins Black cela dit. Je ne suis pas resté durant tout le concert, ce cher monsieur passablement éméché me bousillant les esgourdes en gueulant Zombie Ritual à chaque chanson.

    Le temps de s'en reprendre une et le public s'agglutine devant la scène. Scène qui, d'ailleurs, s'est paré d'un décor très Bisounours. Si tu connais pas le groupe teuton, sache qu'ils adorent deux choses : les gonzesses à poil et le sang. Surtout le sang en fait. Et surtout les corps démembrés empalés sur les pieds de micro. Bref, de la subtilité et de la délicatesse pour leur Death'n Roll. Mais attention, pas celui un peu tarlouze à la Entombed ou Grave d'aujourd'hui. Non, le vrai, celui qui t'enterres Six Feet Under et leurs cds de reprises un peu moisies, celui qui te donne envie de te péter les cervicales à grand coup de "poum-tchak" et de riffing hard as fuck! En plus de leur décor scénique, les mecs se ramènent couverts de sang et en armures. Parce que le metôl tu comprends, c'est quand même un peu la guerre quoi. Et suffit pas forcément de gueuler dans un micro pendant trente minutes dans sa chambre chez papa maman, Panjoy Division Marduk en fond sonore pour se la jouer violent. Du coup, je sais pas si c'est ce côté Hard Rock ou les armures et le sang, mais ça m'a énormément rappelé Gwar (Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours trouvé quelques influences Death chez les monstres américains). Je pense que c'est un peu tout ça à la fois. Bon après, j'ai pas tout maté non plus (en fait, il y a que Leng Tch'e que je me suis envoyé en entier), parce que si c'est quand même super sympa, le monde me soûle, j'ai envie de m'en reboire une et de discuter avec les potes, ainsi qu'entretenir mon cancer du poumon. Je reviendrai quand même sur la fin histoire d'en reprendre une bonne dose.
Bon et puis, je ne connaissais vraiment qu'une chanson (Let There Be Blood), qu'ils ont joué au bout d'une vingtaine de minutes.

    Et voilà, c'est déjà fini, comme d'hab ça passe ultra vite, comme d'hab je râle beaucoup après les groupes que j'aime pas (mais si vous me lisez sachez que j'suis qu'un gros con de toute façon), comme d'hab le public m'emmerde (car, comme disait un pote : quand c'est gratuit, ça se bouge le fion et ça claque 30 balles dans les bières - un peu chère cela dit, mais bon, on est pas en Belgique – mais dès que du vrai Underground passe dans la même ville, à 2km à peine de là et qu'il faut payer 5 balles, y'a plus personnes...) mais heureusement, j'ai de la chance de connaître de bons gars (et accessoirement une blonde qui m'accompagne partout et qui me tapera quand elle lira ceci! Oui moi aussi je t'aime :D ) qui sont pas loin de penser comme moi.


    Prochaine date : le Throne Fest à Kuurne dans deux semaines. Par contre, le report va piquer : 2 jours - 16 groupes de metal noir qui adorent la Bible et le Coran. 

dimanche 24 avril 2016

Conquerors + Edremerion + Oruga @ Le Midland (Lille) 23/04/2016


    Il est de ces dates dans la région où t'as déjà vu les groupes une paire de fois, mais vu le prix abordable (5 balles) tu te dis que t'y vas quand même. Et généralement, ce sont bien souvent de bons moments où les potes et la bière font un sacré mélange! A la base, je devais aller voir Perturbator (électro John Carpenter/Dario Argento worship) sur Tourcoing Vendredi soir, mais, faute de mauvais placements capitalistes, je me retrouve sans le sou en fin de mois. Ou alors est-ce un complot des Illuminati. En tout cas, toujours est-il qu'une mâne inattendue m'a fait me décider au dernier moment pour bouger mon gras au Midland pour une date qui ne propose pas moins que du Post-black, du sludge, du brutal raw black et du black/death ce soir. Notons qu'il s'agit de Dark Moon Brotherhood derrière cette affiche presque nationale (seuls Stahlsarg étant from UK). Alors si les concerts qu'ils proposent sont vraiment différents, on peut saluer leur dévouement à faire jouer de l'UG sur Lille, à cette époque où rares sont les nouvelles assos qui se forment et où les passionnés jettent l'éponge (RIP WOTU). Même si je ne suis pas un féru de toutes leurs dates, je suis tout de même heureux de me bouger pour pas cher et, disons-le tout de go, je venais clairement pour Conquerors et Stahlsarg.

    Pour une fois, il se trouve que je suis en avance et, après une petite discussion avec quelques potes, j'apprends avec une énorme déception l'annulation de Stahlsarg au dernier moment. Faut admettre que les Rosbifs sont loin d'être les meilleurs concernant les bagnoles, et c'est à 30km de Lille que les gars sont tombés en rade et ont du faire demi-tour (une histoire d'assurance...). Bref, on se consolera devant Conquerors qui verront leur set rallongé.

    Le temps de boire deux bières et Oruga peut enfin commencer le dur exercice d'ouverture. Le truc était vendu sur l'event comme du Blackened Doom, mais finalement j'ai plus l'impression d'entendre du sludge bien gras, tantôt doom, tantôt rapide. Et finalement, après mûre réflexion, je me rends compte que c'est un énorme bordel dans cette scène. Tu sais, celle où t'entends des termes tels que "post-black", "sludge black", "blackened doom", "postcore black" ou encore "post-indus esoteric introspective and contemplative post-black post-sludge post-branlette intelectuelle". Bref, les étiquettes quoi! Je ne l'ai pas connu, mais qu'il est loin le temps où Death, Speed, Black et Thrash ne faisaient qu'un... Ceci étant dit, revenons-en au groupe. Si le chanteur se défonce en occupant la moitié de la salle en dehors de la scène (pourtant prévue à cet effet en général), le reste du groupe se contente de bouger la nuque, assez statiques dans l'ensemble et donnant l'impression de se faire un peu chier. Bon j'avoue, le style veut un peu qu'on tire la tronche. Le sludge reste quelque chose de vraiment lourd, le truc qui t'écrase comme un tractopelle lancé sur une maison de retraite : bruyant, mais t'as pas le choix que de voir le truc arriver sans pouvoir bouger. En gros, j'ai assez bien aimé, mais j'avoue que, ce qui a fait défaut je trouve, c'est le chant. Bien qu'il était à fond, j'ai trouvé que ça manquait énormément de nuances. C'est con parce que y'a du bon dans ce qu'ils font. M'enfin, pour une première partie, je me suis pas barré au bout de la deuxième chanson, c'est donc un succès.

    Le temps de faire une pause et Edremerion s'avance sur la scène. Pour être franc, j'ai loupé la moitié du concert, trop occupé à discuter par ci par là avec des potes que je vois pas souvent. C'est d'ailleurs avec plaisir que je vois David et Christine, les organisateurs du No Compromise Metal Fest ainsi que le gars de Sepulchral Voices (un groupe où la batterie tape bien, la guitare envoie et le chanteur chante bien).

    Tiens pour l'anecdote, je trouve aussi que les gérants du Midland se sont améliorés avec le temps. Je me rappelle d'une époque où t'avais pas le temps de finir ta clope entre deux groupes alors que c'est toujours un plaisir de pouvoir prendre le temps de discuter entre les groupes, c'est ça qui fait le charme de ces petits concerts, et la patron qui nous obligeait presque à rentrer pour pas traîner dehors, c'était assez lourd.

    Bref, pour l'histoire, Edremerion et moi ça fait 6,66. Pas que je les trouve ultra chiants, mais j'ai du mal à rentrer dedans. Les mecs tapent dans un black doom presque expérimental, voire post-machin chose, et c'est curieux de voir tant de groupes interchangeables dans cette scène alors que finalement, je suis ultra sélectif sur ce que j'aime là-dedans. Heureusement pour moi, j'arrive enfin à desceller quelques passages plaisants durant le concert, mais, tout comme les autres fois où j'ai vu le groupe nordiste, ça m'en a titillé une sans faire bouger l'autre. Et puis, même problème qu'avec Oruga : le chant vraiment pas top. Du coup, je me pose des questions sur la qualité de l'ingé son ce soir. Il est vrai que le Midland n'est pas un exemple de sonorisation, mais, pareil : aujourd'hui, il y a une nette amélioration. Je me rappelle d'un pitoyable concert de Azaghal il n'y a pas si longtemps à tel point que j'ai eu honte pour le groupe.
Bref, encore une fois, chez Edremerion, j'aime bien sans savoir si j'aime vraiment. Certes, ils proposent quelque chose d'intéressant, mais je préférerai limite écouter de l'instrumental. Et pour preuve : seule la dernière chanson (ou une sorte de final) m'a surpris à bouger légèrement la nuque, et pour cause : uniquement instrumentale.

    C'est l'occasion d'aller se refumer une clope, prendre une dernière bière et surtout, de faire un petit tour du côté du merch. Et pour le coup, voilà quelque chose d'intéressant! Conquerors bradent leur disco (1 CD + 1 EP) pour 5 balles les deux réunis! C'est donc sans hésitation que je me jette dessus, ainsi que sur certains cds qui me sont totalement inconnus, et une K7 d'indus noise conseillés par Jérémy de Maltkross.

    Enfin viens le moment d'apprécier le brutal black raw bordélique de Conquerors! Les mecs sont que deux, mais bien souvent, c'est pas le nombre qui compte. Regarde Urfaust ou Hats Barn (je sais vous êtes pas beaucoup à apprécier ce dernier groupe mais je vous encule cordialement avec du verre pilé) et t'en auras la preuve. Troisième essai pour ma part. Une première fois à La péniche à Douai où je ne me rappelle plus grand chose (c'est mauvais pour le foie d'avoir une salle de concert à 2min de chez soi) et une seconde fois à La Rumeur, où, bien que les oreilles bourdonnantes, j'avais fortement apprécié. Et ce soir m'aura confirmé à nouveau mon intérêt pour le groupe. Si jusqu'ici, cette soirée se profilait sous les rayons du post-black à lunettes, la tempête finira par nous achever avec ce groupe de l'Est (de la France hein, et non pas les terres du communisme sous dictature). Si tu aimes Revenge ou le Revenge-like Conqueror (sans "s" celui-ci), tu vas être servi avec Conquerors. Putain mais j'ai l'impression d'entendre de vieilles démos tout droit sorties des tréfonds de la cave d'enregistrement d'un Blasphemy ou d'un Sargeist avec un son vraiment Transilvanian Hunger Worship! Alors ça plaira pas à tout le monde, mais n'importe quel fan old-school qui ne jure que par Blasphemophagher, Necroholocaust ou Sarcofago ne peut renier un concert pareil! Bien qu'hésitant parfois dans les riffs (notamment le début du concert qui m'a parut ultra bordélique), le truc te retourne méchamment le cerveau. Et c'est justement ce côté "répète" éthylisée qui fait tout le charme du groupe. Pas la peine de tergiverser, le but c'est de jouer vite, fort, de la manière la plus crade possible (tins, ça me rappelle un mec mort il y a peu), et si parfois c'est pas carré, ce ne peut que rendre le truc plus intéressant. Bon j'ai l'air d'insister sur le côté à l'arrache, mais j'exagère quand même. Mates-moi ce batteur de malade qui tabasse ses fûts comme s'il avait Satan en personne à ses trousses. Ou alors imagine-t-il peut-être que la caisse claire est un camp de Roms et ses baguettes, une batte de baseball? En tout cas, grosse claque, comme à chaque fois!

    Nous aurons droit en prime à l'animateur ultime de la soirée! D'habitude, en concert, tu vois toujours ce mec saoul, celui qui tiens plus très droit dès le premier groupe, mais donne tout ce qu'il a tellement il veut qu'on voit sa passion. Ou alors, tu le retrouves mort-vivant dans les chiottes, un bras en appui sur la cuvette, trainant dans ces fluides à la composition étrange. Ici, ce mec (appelons-le Jean-Michel Metal) nous aura gratifié de headbang totalement PAS en rythme, exhibant ses tatouages Slayer et Deathspell Omera et le clou de la soirée : invité sur scène pour chanter cette reprise incontournable de Black Metal de Venom par Conquerors! Et le résultat en fut un véritable massacre! Je ne parle pas du groupe qui arrive à la rapidifier encore plus, mais de notre Jean-Michel Metal de fortune. Et si t'avais loupé le truc, t'inquiètes! Car en réclamant un rappel, il s'avère que nous aurons droit une deuxième fois à cette version bourrée du tube! Je suis un peu méchant, mais faut quand même admettre que le mec a fait la route depuis l'Angleterre pour venir à ce concert! Et ça, j'admire quand même!

    C'est pas tout, mais j'ai les oreilles qui bourdonnent, bien que ça soit jouissif, il est temps d'aller fêter l'anniv des patrons au bar Les Six Roses. Oui, la soirée est loin d'être termimée pour votre humble et dévoué serviteur.

    Pour résumer, deux groupes sympas mais qui m'ont pas encore convaincus, une claque habituelle pour Conquerors, une ambiance bien sympa alors que je m'attendais à une salle vide, de la bonne bière, des bonnes têtes et notre nouvelle mascotte : Jean-Michel Bourré! Et comme d'hab, merci à Dark Moon Brotherhood pour cette date!


    Je reviens la semaine prochaine avec une date gratuite cette fois : les 35 ans du Carré des Halles au bistrot de Saint-Sauveur sur Lille. Debauchery et Leng Tche, ça ne se refuse pas!

samedi 2 avril 2016

Hypothermia + Psychonaut 4 + Antilife @ El Diablo (Lille) 30-03-2016


    Ces dernières années, il n'est pas rare de voir défiler des concerts aux affiches assez fat dans le Nord ou en Belgique. Pour ma part, tout à commencé avec Lille en Avril 2008. Je découvre La Rumeur, un bar/concert dans les environs de Lille Sud, sa cave, son bar, son public. Le coup de foudre me clou sur place et, d'ores et déjà, je sais que je vais côtoyer ces lieux où l'Underground peut s'exprimer sans contraintes. Depuis ce temps, ce ne sont pas moins de 140 concerts - allant des festivals grand format (Le Party San), plus ciblés (le Throne Fest par exemple), des concerts dans des bars-concert Lillois, Valenciennois ou Douaisiens ou encore dans des salles de taille moyenne où se côtoient Death Old-School, Black Metal, Sludge/Doom etc - auxquels j'ai pu assisté. Cela fait presque un an que l'idée me trottait dans la tête, celle de faire du Live Report avec passion, sans langue de bois (ou de pute selon les envies), sans passer par un quelconque magazine (Metalchiasse à tout hasard? Là où t'as 5 lignes par groupe) ou site/webzine officiel (bien que je soutienne totalement Horns Up)... Bref, juste avec mes tripes. Et c'est donc avec cette date de Black Metal Dépressif ayant eu lieu le 30 Mars 2016 à El Diablo que je m'y atèle.

    En théorie, le public Nordiste ne se bouge pas le fion lorsqu'un concert a lieu en pleine semaine. Alors est-ce parce qu'il n'y avait que 4 jours cette semaine-là que je me retrouve face une date quasi sold out ce soir-là? J'en ai foutre aucune idée, mais en tout cas, ça me fait plaisir et en même temps j'appréhende énormément le truc. Car si El Diablo - découvert pour ma part il y a un peu plus d'un an avec les locaux Skelethal – est une petite salle comme je les aime, il faut tout de même admettre qu'elle ne permet pas d'accueillir plus de cent personnes sans risquer l'asphyxie de vapeurs éthyliques et de sudations (quoiqu'en général, les deux ne font qu'un). Et mon angoisse n'est pas pour diminuer lorsque je constate qu'une vingtaine de personnes n'ayant pas réservé attendent dehors. Heureusement pour moi, j'ai été prévoyant pour le coup, ne voulant franchement pas louper cette date. Direction le sous-sol donc, histoire de se faire poser le rituel tampon et d'aller chercher une pinte de bibine belge. Finalement, me voilà rassuré : la salle me paraît tout de même plus spacieuse que dans mes souvenirs et ce, malgré le pilier central, un classique de ce genre de salles (un peu comme à La Rumeur en fait). Et tout au long de la soirée, j'ai même pu me faufiler au devant de la scène afin d'apprécier au mieux les groupes.

    A peine le temps de m'approcher qu'Antilife début les hostilités. Bien que je sois principalement venu pour Psychonaut 4, découvert l'année dernière, j'attendais beaucoup de ce nouveau projet aux élucubrations anti-humanistes du chanteur d'Hats Barn. ET PUTAIN QUELLE CLAQUE! A peine posé devant la scène que le groupe commence à jouer, Psycho arrivant au micro vêtu d'un sweat blanc aspergé de sang (et connaissant le gaillard, pas de trompe-l'oeil ici) dont la capuche descend jusque sur le nez. D'ailleurs, rares seront les moments où l'ont pourra apercevoir son visage durant le concert. Je n'avais entendu qu'une chanson qu'ils avaient postée sur Youtube, mais là, je ne m'étais vraiment pas imaginé assister à un concert aussi violent, retournant et haineux. Disons-le tout de suite : le Black Dépressif "classique" m'a toujours emmerdé. J'ai beaucoup de mal à apprécier ceux qui se contentent de faire du mid-tempo sur fond de chuchotements rocailleux ressemblant à des coqs asthmatiques où les seules paroles ressemblent à un poème d'ado gothique boutonneux fan de Baudelaire et en mal de reconnaissance. Pour te donner une idée, Silencer, Lifelover, Totalselfhatred, Shining : voici les groupes qui me bottent dans le style. Et pour cause : on est loin d'un éternel cover d'un groupe qui parodie le Black Dépressif. Après, il subsiste quelques exceptions qui me parlent, comme Gris (même si, avec leur dernier album, les mecs tirent plus sur l'ambiant et l'atmosphérique), Happy Days ou Wedard.
Bref, il me semblait important de me situer un peu dans ce paysage suicidaire.

    Revenons-en à Antilife. Voici exactement le genre de truc qui me parle! Jamais je n'ai assisté à autant de violence au sein d'une scène qui se suicide à petit feu. Les riffs et la guitare "lead" assénés avec violence et rage te transperce comme la lance d'un Spartiate, la batterie qui sait aussi bien alterner mid-tempo et laisse une sacré place au Blast qui te retourne le cerveau, à tel point que tu as l'impression de sombrer dans la folie meurtrière d'un cerveau sociopathe. Et surtout : le charisme incroyable du chanteur. Putain, mais c'est exactement ce pourquoi j'avais autant aimé Hats Barn lorsque je les avait vu pour la première fois à Tournai en Décembre 2008. La vieille époque, celle où juste Total Genocide Devastation était sorti et où les cris suraigus de Psycho enterraient n'importe quel groupe de Black digne de ce nom. Merde putain mais c'est totalement inhumain de hurler comme ça, j'en suis encore sur le cul. Des lames de rasoir sifflant sur ta chair écorchée, véritable haine dans la dépression, le dégoût de l'être humain poussé à son paroxysme. Et puis j'en reviens au charisme, mais jamais je n'ai vu autant de haine dans le comportement d'un mec sur scène : tremblements psychopathes, lacérations de chair à grands coups de lames de rasoir, maltraitance du micro/pied-de-micro, sifflage de Honey Jack Daniel's sans repos et un flingue pour accessoire, dirigé vers le public, et lui-même. Et vu le mec, c'est un vrai de toute manière.
En bonus, on aura le droit à une reprise de Silencer (Death – Pierce me), chose qui fait ô combien plaisir! Petit bémol pour ma part pour l'intro, jouée sur des guitares saturées. Je me doute que l'envie était de rendre le truc plus malsain et dégueulasse, mais ça n'a pas pris chez moi. Enfin, vraiment un détail insignifiant car la cover a été interprétée avec brio, la "hainisant" même un peu plus.
En somme, une première partie comme jamais je n'en avait vu auparavant qui a totalement compris qu'il suffit pas de gueuler "Kill Yourself" pour se la jouer dépressif, que la haine de l'humain était indissociable du dégoût du monde et, par conséquent de la vie de merde qui t'entoure. Bref, ça laisse présager énormément de bonnes choses pour leur avenir, car ils ont un potentiel scénique incroyable.

    Le temps de remonter se fumer une ou deux clopes, se reprendre une bibine, discuter avec les potes et c'est au tour de Psychonaut 4 de se lancer dans la conquête Lilloise à grand coups de mélodies joyeuses et dépressives. Car oui, ce qui m'avait autant foutu sur le cul avec ce groupe, c'est son côté musical à la Lifelover : de la joie et de la mélancolie, un peu comme si les mecs se complaisaient dans la dépression sur fond de drogues et d'alcool. Putain, en voilà encore un de truc qui me parle! Et ce ne sont pas moins que 3 guitaristes qui permettent de soutenir les rythmes effrénés et le chant carrément hurlé de Graf von Baphomet qui, pour l'occasion, s'est aspergé de sang (la bouteille traînant encore dans les chiottes et, vu l'odeur, c'était pas du colorant ici non plus). Sans préambule, c'est Parasite, première chanson (mis à part l'intro) de leur premier opus qui entame les hostilités. Et, chose inattendue, l'avant du public est carrément contaminé par des mecs qui se défoulent comme si Satan était au centre de la salle. En théorie, ça me fait chier quand des mecs foutent le bordel durant un concert de ce style mais cette fois-ci, j'avais fortement envie d'un défouloir moi aussi. D'autant plus que, tout comme Antilife juste avant et dans un autre registre, leur black est rempli de haine et d'une volonté d'en découdre qui surpasse tous ces pseudo-blackeux de la gaypride dépressive. Tout au long du concert, la voix du chanteur ne faiblira jamais et, même si je la trouve quand même moins hurlée que sur album, la répercussion live de leurs chansons est quand même synonyme d'érection viscérale pour moi. Comme tout fan exigeant, il est vrai que j'aurai aimé entendre des titres comme Pseudo, My despair can't be explain ou Have a nice trip mais c'est sans conteste un réconfort monstrueux que de prendre mon pied sur Serial Lier, Antihuman, Suicide is Legal ou même la schizophrénique Moldy. Mais le summum est atteint lors de deux covers que le groupe nous aura offert ce soir-là. Déjà, I Wanna Be Your Dog d'Iggy Pop (Les Stooges mais c'est du pareil au même), jouée avec virulence et énergie – chose qui peut paraître en désaccord total pour un groupe de Black Dépressif, mais comme je l'ai déjà dit à maintes reprises, ce soir, les mecs ont comprit que le dégoût de l'humanité et la dépression (je préfère même le terme de fatalité ou mélancolie) étaient indissociables de la haine viscérale. Je crois même que la motivation des potes éthylisés qui se défoulaient devant la scène a atteint son paroxysme. Mais encore mieux : l'éternelle reprise de Nackstott de Lifelover interprétée avec brio! Et une surprise (quoique je commençais à y penser quelques heures avant le concert), non des moindres : Kim Carlsson invité sur scène afin de poser ses lignes de chants si particulières et monstrueuses dessus. Pour les ignares : Kim est le chanteur du défunt Lifelover et joue également dans Hypothermia, la tête d'affiche de cette soirée. Il était donc logique qu'un groupe comme Psychonaut 4, à l'esprit aussi dérangé que l'âme même de Lifelover, proposent quelque chose d'aussi énorme. Et Kim restât même sur scène afin de participer à la psychotique et joyeuse Wor(l)d of pain and hate!
Et puis, pour l'anecdote, les mecs, mais qu'est-ce qu'ils ont picolé. Psycho d'Antilife leur file la teille de whisky en plein milieu du concert et ils se l'enfilent d'une traite. La haine aha!
Une énorme claque donc pour ce deuxième groupe que j'attendais avec impatience!

    Mine de rien, je me rends compte qu'il y a bien longtemps que je n'avais pas autant apprécié un concert de black metal. La raison en est simple : le fan de Black Metal de base est un gros beauf coincé dans les années 90 ou alors (pour la plus grosse partie malheureusement) un jeune branleur qui se la joue Evil mais qui comprend toujours pas que Behemoth ne jouent plus de Black depuis longtemps. Bref, en France, les 3/4 du public de cette scène est quand même à gerber, mais heureusement, ce soir, j'ai pas l'impression d'en avoir croisé beaucoup, et putain ça, ça me fait plaisir!

    Il est donc temps de se rafraîchir une dernière fois et d'entretenir son cancer du poumon avant d'aller voir ce que donne Hypothermia sur scène. Une attente entre les deux groupes qui m'aura semblé un peu plus longue ici, mais cela m'aura laissé le temps de pouvoir discuter un peu avec un des guitaristes de Psychonaut 4 et même le chanteur. Encore quelque chose si typique des petits concerts mais ô combien agréable : pouvoir approcher des mecs finalement très simples, heureux de rencontrer leur public qui se retrouve dans leur musique. Je suis pas spécialement du genre à aimer prendre des photos à tout va ou parler systématiquement aux groupes dès que j'en ai l'occasion, mais quand il y en a un dans lequel je me retrouve particulièrement, c'est franchement une expérience géniale.

    Enfin, il est aux alentours de 22h15 et Hypothermia monte sur scène, ses membres vêtus de grandes capes blanches, comme à leur habitude. Ma relation avec ce groupe est assez particulière. Si j'aime beaucoup le Post-rock et les chansons à rallonge qui n'ont pour seul but que de foutre une ambiance qui te transcende en dehors de l'espace et du temps, chez Hypothermia je n'y arrive pas du tout! C'est pourtant pas faute d'avoir tenté le coup plusieurs fois et, malheureusement, mon impression est définitivement confirmée par ce concert. Disons que c'est pas mauvais en soi, mais pas moyen de trouver une variation pendant les compos avoisinants les 10 minutes. Toujours le même riff qui tournoit pour te rendre totalement dingue. Ça m'en a titillé une sans faire bouger l'autre en fait. Du coup, je ne peux pas trop m'étendre sur le sujet ici, ayant préféré discuter avec quelques potes et le mec de Maltkross, toujours présent avec sa distro aux concerts Nordistes.

    En définitive, pour une date "vendue" comme dépressive, on aura eu le droit à des groupes qui ne peuvent être plus éloigné de cette scène "dépressive" tout en y étant rattachée : de la pure haine misanthropique et sociopathe, de la joie et de la complaisance dans la dépression et du post-rock très (trop même) ambiant au son blackisé.

    Tiens tant que j'y pense, c'est aussi un plaisir de voir un des mecs de Black Command faire le déplacement de Hollande pour venir sur Lille, sachant qu'il va également voir cette date à domicile le samedi suivant.

    Au final, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied sur un petit concert - je ne dirais pas local car, mis à part Antilife, les autres groupes venaient de Géorgie et de Suède.
Merci à Ondes Noires qui, bien que basé sur Paris, ont créés cette branche dans le Nord et nous organisent des putain de dates!

    Pour conclure, je ne peux que citer Psychonaut 4 :
"We will never find the cure...[...] Useless me and useless you..."