dimanche 4 décembre 2016

Death in Rome + Urfaust + Wolvennest + B O N E P I P E + Ashtoreth @ Magasin 4 (Bruxelles) 03/12/2016



    Me voici de retour dans le plat pays pour une date qui m’avait fait de l’œil depuis un moment. En effet, pour célébrer les cinq années de A thousand lost civilisations, nous n’aurons pas moins de cinq groupes qualitatifs venus nous chauffer les esgourdes au Magasin 4, salle que j’apprécie particulièrement à Bruxelles.

    C’est donc accompagné de quatre personnes de bon aloi que nous prenons la route, non sans être un poil fatigué d’un concert ayant eu lieu la veille sur Lille (Oruga et Atavisma - à écouter absolument - je ne te ferai pas l’affront de citer le groupe d’ouverture tellement ça puait la vieille chiasse de tétraplégique pestiféré). Malheureusement, pas eu le temps de faire de LR cette fois-ci, et deux jours plus tard j’estime que c’est encore moins chaud dans mon esprit que tonton David Bensoussan qui sort de la douche.

   Bref, avant toute chose nous aurons eu l’immense plaisir de découvrir les rues de la capitale, tombant sur de bien bonnes échoppes, autant spécialisées dans le jeu vidéo que les vynils.
Et c’est sans tarder que nous pénétrerons dans cette grande salle, idéale pour ce genre de dates, afin de voir le premier groupe. Un certain Ashtoreth ouvrira nos chakra ce soir. Il s’agit là d’un one-man-band mélangeant… Enfin, c’est un peu difficile à décrire tellement t’as l’impression d’entendre ce méchoui bâtard entre drone, folk psyché et ambient. J’avais jeté une oreille sur youtube histoire de me faire une idée et j'avais assez apprécié, mais ce soir, ça m’en a titillé une sans vraiment faire trembler l’autre. Je pense qu’en début, balancé comme ça, c’est pas forcément le genre de truc qui passe assez bien.  Du coup, pas le temps de niaiser, le houblon l’emportera.

    C’est dans le gel que nous nous réchaufferons donc, à coup d’Affligem ou de Chimay bleue, ne voyant pas le temps passer à grand renfort de discussions sur les autistes de Lille et autres joyeusetés de bon goût. 

    Mais ne laissons pas les mouches s'enculer car il est temps pour B O N E P I P E de monter sur scène afin de nous asséner leur Doom pachyderme. Je t’avoue que même mes oreilles ont tremblé comme arrière-mammie Parkinson. Alors après, sans révolutionner le genre, les mecs arrivent quand même à bien faire leur boulot. Disons qu’après la déception Ashtoreth, ça m’a quand même remotivé. Et puis ce qui m’a pas mal convaincu malgré tout, ce sont tous ces passages où les larsens s’insinuent jusque chaque recoin de ton cerveau afin de te rendre plus maboul qu’Antonin Artaud. Voilà qui traçait une frontière ténue avec le drone. Ajoute à ça plusieurs interludes noisy histoire de finir de t’achever. Je relativise quand même mon propos car sur la longueur j’ai commencé à m’emmerder. Je pense qu’il y a un certain potentiel à travailler derrière mais à eux de trouver lequel. Sympa donc, mais sur la durée, un poil longuet. D’ailleurs faudra aussi m’expliquer à quoi servait cet écran qui diffusait des animations en mode lecteur windows media player. Heureusement, arrivé au milieu du concert, de vrais images viennent t’endoctriner. Apparemment, les mecs aiment bien tout ce qui touche à l’Inde.

    En revanche, là arrive le groupe qui m’aura totalement subjugué. Et je te parles de Wolvennest, projet très récent combinant Dark metal doomisé et psyché ultra perché, à la limite du futurisme. Forts d’une première sortie EP, les gars savent te faire voyager dans un autre plan dès les premières notes. Ça aurait pu être ce à quoi aurait ressemblé un Pink Floyd qui aurait changé de drogue aha ! Le point fort du groupe, c’est aussi sa composition, avec notamment trois guitares et la chanteuse/synthé. Alors tout de suite, j’ai peur, je me dis que ça va peut-être être un groupe qui essaye de vendre grâce à ça ! Eh bien détrompe toi donc jeune profane !!! C’est simple : les incursions vocales de la miss sont tout simplement très rares et placées au moment idéal, un peu comme pour laisser une place de premier choix pour cette ambiance astrale de très bonne facture. Le clip officiel live peut bien te donner une idée du bazar je pense. Non mais écoute-moi ces sons modifiés comme ton cerveau qui commence à se désolidariser et à se noyer dans l’espace-temps pour ne plus faire qu’un avec les démons que tu vois jouer. Car oui, en plus de taper dans du psyché astral, tu sens le côté occulte du bazar, tantôt appuyé par la voix ensorcelante de la jeune femme, tantôt par cet orgue Hammond ultra rétro. Mention spéciale au sosie de Selim Lemouchi qui nous lâche de sacrés hurlements en plein milieu du concert, ainsi qu’au guitariste qui sort tout droit de Qui veut la peau de Roger Rabbit. Et oui, j’assume mes références. J’ai trouvé aussi que les chansons étaient peut-être un peu plus construites comme un morceau de post-rock, sans en devenir, bien évidemment.  Après ça, comment tu veux revenir à la réalité ? Perso, mon cerveau traîne encore quelque part en dehors du temps, peut-être même sûrement dans un trou noir, incarnation même de Wolvennest qui aura, soit convaincu, soit fait fuir la plèbe. Perso, ça a juste été la première claque de la soirée…

    Dur de se remettre d’une telle ambiance, mais c’est quand même à Urfaust de se produire à présent. Pour la troisième fois que je les vois, je savais que nous allions passer un moment particulier et jouissif et c’est avec plaisir que nous trouvons de bien bonnes places au pied de la scène qui pour l’évènement (et comme à chaque concert de Black Metal ici-même), s’est parée d’une centaine de cierges noirs, de crânes et autres joyeusetés fleurant bon la vénération du Malin. Les cierges plantés dans des bouteilles de vinasses vides ne nous tromperont pas : nous sommes bien devant Urfaust et leur Ritual Music for True Clochard. J’en profite d’ailleurs pour préciser qu’il n’y a absolument aucune parole dans Urfaust, le groupe préférant sûrement entrer en communion avec un certain ésotérisme en scandant ces syllabes réinterprétée avec brio et justesse en concert. Après une introduction parlée en allemand (décidément, je commence à croire que c’est fait exprès aha) sur fond de guitare saturée, limite noise, le groupe se fait attendre mais finit par arriver. Alors me demande pas les titres des chansons. Je ne compte pas détailler une setlist, et si tu me lis depuis longtemps tu sais que je me fais pas chier avec ça. En tout cas, j’ai juste été subjugué par la chanson du split avec Joyless. Un grand moment, à n’en pas douter ! A tel point que j’ai bien dû me la renvoyer une dizaine de fois aujourd’hui… Cependant, très vite, je me mets à réaliser que ce concert sera très particulier. Notamment par son côté très doom. Car si le black atmosphérique de ces hollandais sait te poser une telle ambiance, c’est aussi par la lenteur d’une tripotée de chansons et j’en veux pour preuve cette version exagérément doom de Ragnarök Mystiker, vraiment ralentie à l’extrême. Mais le pire c’est que ça a marché. Une fois le blocage passé, je n’ai su faire autrement que de fermer les yeux la moitié du temps, me laissant envoûter par le chant clair et ritualiste de IX. Tiens d’ailleurs, en parlant de chant, je suis totalement sur le cul d’entendre ses hurlements qui, sur album sonnent assez dépressifs et ici, seront juste un amas de saturation digne d’un Behexen de la grande époque. Cherche pas, je me comprends et voilà encore quelque chose qui aura fait mouche. Et c’est sans compter ce final où le chanteur branche son jack sur son clavier, afin d’interpréter ce qui me semblait être une chanson tirée de Drei Rituale Jenseits Des Kosmos, EP avec lequel j’ai découvert le groupe il y a plusieurs années, à l’ambiance ultra oppressante et en dehors de toute considération métaphysique, ainsi que Verflucht Das Blenden Der Erscheinung. Ou comment finir en beauté après plus de 45 minutes de lenteur pour clochard éthylisé. Après, j’ai eu la chance de les voir déjà deux fois avec une setlist beaucoup plus « normale » et bourrée d’hymnes. Du coup, ce soir, la spécificité de leur setlist aura pu en choquer beaucoup qui se seront barrés avant la fin, mais chez moi ça a fonctionné. J’ai autant apprécié que Wolvennest honnêtement, et impossible de reprendre pied. J’aurais juste aimé qu’ils jouent Von Gesicht und Rätsel. Ça m’a pas mal étonné qu’ils la passent à la trappe.
Suite à ça, j’aurais eu un intense coup de mou après ces deux claques (à cause de la nuit de 4h de la veille, il faut bien l’avouer), qui m’aura fait lutter pour continuer à rester debout devant Death in Rome.

    Mais parlons déjà du concept, quelque chose de somme toute particulier. Death in Rome propose un neofolk assez qualitatif mais ayant un registre uniquement ciblé sur des reprises de pop. Que ce soit Georges Michael, Aqua ou Miley Cyrus, beaucoup de tubes mainstream y passent. Et le pire, c’est que ça fonctionne. Le rendu est plutôt excellent, dans le sens où l’on croirait vraiment entendre une chanson de neofolk purement lancinante et prenant aux tripes.  Le tout dans un style pas si éloigné de Rome ou :Of the wand & the moon: pour te donner une idée.
Le concept étant posé, qu’en est-il du rendu live? Eh bien malheureusement, le groupe s’est pas mal cassé la gueule D’une part j’espérais sincèrement que la moitié de la salle se casserais paskecépadumétal, et j’en fut satisfait. Mais honnêtement, je ne sais pas si c’est le son des effets (un mec uniquement consacré à ça devant une rangée conséquente de pédale/platine/je n’sais pas quoi encore mes couilles) ou le peu de tubes que j’ai reconnu, mais je me suis assez emmerdé. Bon les problèmes de son, j’avoue que tout dépendait des chansons et on aura eu droit à le reprise de Pump up the Jam, juste magique franchement. Tout comme celle de Diamonds de Rihanna, un peu foireuse au début mais vite rattrapée. Toujours est-il que j’ai du sortir prendre l’air deux fois durant leur show parce que je m’emmerdais quand même pas mal. Aaaaargh, mais comment c’est possible de foutre en l’air un concept aussi excellent ? J’ai la fâcheuse impression de m’être senti comme Hitler envahissant la Pologne. Une immense déception qui m’a donné envie de me tirer une balle.

Bref, je ne m’étendrais pas sur le sujet car je ne saurai pas quoi dire d’autre.

    En résumé, vraiment deux grosses claques qui se sont imposées à moi : Urfaust et Wolvennest, ambient à leur façon, prenant aux tripes à leur manières.


Prochaine étape, vendredi sur Douai, deux dates qui me font de l’œil. A savoir, Unsu d’un côté et Noise Emission Control de l’autre.

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