Me voici de retour dans le plat pays pour une date qui
m’avait fait de l’œil depuis un moment. En effet, pour célébrer les cinq années de
A thousand lost civilisations, nous n’aurons pas moins de cinq groupes qualitatifs
venus nous chauffer les esgourdes au Magasin 4, salle que j’apprécie
particulièrement à Bruxelles.
C’est donc accompagné de quatre personnes de bon aloi que nous
prenons la route, non sans être un poil fatigué d’un concert ayant eu lieu la
veille sur Lille (Oruga et Atavisma - à écouter absolument - je ne te ferai pas l’affront de citer le
groupe d’ouverture tellement ça puait la vieille chiasse de tétraplégique
pestiféré). Malheureusement, pas eu le temps de faire de LR cette fois-ci, et
deux jours plus tard j’estime que c’est encore moins chaud dans mon esprit que tonton David Bensoussan qui
sort de la douche.
Bref, avant toute chose nous aurons eu l’immense plaisir de
découvrir les rues de la capitale, tombant sur de bien bonnes échoppes, autant
spécialisées dans le jeu vidéo que les vynils.
Et c’est sans tarder que nous pénétrerons dans cette grande
salle, idéale pour ce genre de dates, afin de voir le premier groupe. Un
certain Ashtoreth ouvrira nos chakra ce soir. Il s’agit là d’un one-man-band mélangeant… Enfin,
c’est un peu difficile à décrire tellement t’as l’impression d’entendre ce
méchoui bâtard entre drone, folk psyché et ambient. J’avais jeté une oreille
sur youtube histoire de me faire une idée et j'avais assez apprécié, mais ce soir, ça m’en a titillé une
sans vraiment faire trembler l’autre. Je pense qu’en début, balancé comme ça,
c’est pas forcément le genre de truc qui passe assez bien. Du coup, pas le temps de niaiser, le houblon
l’emportera.
C’est dans le gel que nous nous réchaufferons donc, à coup
d’Affligem ou de Chimay bleue, ne voyant pas le temps passer à grand renfort de
discussions sur les autistes de Lille et autres joyeusetés de bon goût.
Mais ne laissons pas les mouches s'enculer car il est temps
pour B O N E P I P E de monter sur scène afin de nous asséner leur Doom
pachyderme. Je t’avoue que même mes oreilles ont tremblé comme arrière-mammie
Parkinson. Alors après, sans révolutionner le genre, les mecs arrivent quand
même à bien faire leur boulot. Disons qu’après la déception Ashtoreth, ça m’a
quand même remotivé. Et puis ce qui m’a pas mal convaincu malgré tout, ce sont
tous ces passages où les larsens s’insinuent jusque chaque recoin de ton
cerveau afin de te rendre plus maboul qu’Antonin Artaud. Voilà qui traçait une
frontière ténue avec le drone. Ajoute à ça plusieurs interludes noisy histoire
de finir de t’achever. Je relativise quand même mon propos car sur la longueur
j’ai commencé à m’emmerder. Je pense qu’il y a un certain potentiel
à travailler derrière mais à eux de trouver lequel. Sympa donc, mais sur la
durée, un poil longuet. D’ailleurs faudra aussi m’expliquer à quoi servait cet
écran qui diffusait des animations en mode lecteur windows media player.
Heureusement, arrivé au milieu du concert, de vrais images viennent
t’endoctriner. Apparemment, les mecs aiment bien tout ce qui touche à l’Inde.
En revanche, là arrive le groupe qui m’aura totalement
subjugué. Et je te parles de Wolvennest, projet très récent combinant Dark
metal doomisé et psyché ultra perché, à la limite du futurisme. Forts d’une
première sortie EP, les gars savent te faire voyager dans un autre plan dès les
premières notes. Ça aurait pu être ce à quoi aurait ressemblé un Pink Floyd qui
aurait changé de drogue aha ! Le point fort du groupe, c’est aussi sa
composition, avec notamment trois guitares et la chanteuse/synthé. Alors tout
de suite, j’ai peur, je me dis que ça va peut-être être un groupe qui essaye de
vendre grâce à ça ! Eh bien détrompe toi donc jeune profane !!! C’est
simple : les incursions vocales de la miss sont tout simplement très rares
et placées au moment idéal, un peu comme pour laisser une place de premier choix
pour cette ambiance astrale de très bonne facture. Le clip officiel live peut
bien te donner une idée du bazar je pense. Non mais écoute-moi ces sons
modifiés comme ton cerveau qui commence à se désolidariser et à se noyer dans
l’espace-temps pour ne plus faire qu’un avec les démons que tu vois jouer. Car
oui, en plus de taper dans du psyché astral, tu sens le côté occulte du bazar,
tantôt appuyé par la voix ensorcelante de la jeune femme, tantôt par cet orgue Hammond ultra rétro. Mention spéciale au sosie de Selim Lemouchi qui nous lâche
de sacrés hurlements en plein milieu du concert, ainsi qu’au guitariste qui
sort tout droit de Qui veut la peau de Roger Rabbit. Et oui, j’assume mes
références. J’ai trouvé aussi que les chansons étaient peut-être un peu plus
construites comme un morceau de post-rock, sans en devenir, bien évidemment. Après ça, comment tu veux revenir à la
réalité ? Perso, mon cerveau traîne encore quelque part en dehors du
temps, peut-être même sûrement dans un trou noir, incarnation même de
Wolvennest qui aura, soit convaincu,
soit fait fuir la plèbe. Perso, ça a juste été la première claque de la soirée…
Dur de se remettre d’une telle ambiance, mais c’est quand
même à Urfaust de se produire à présent. Pour la troisième fois que je les
vois, je savais que nous allions passer un moment particulier et jouissif et
c’est avec plaisir que nous trouvons de bien bonnes places au pied de la scène
qui pour l’évènement (et comme à chaque concert de Black Metal ici-même), s’est parée
d’une centaine de cierges noirs, de crânes et autres joyeusetés fleurant bon la
vénération du Malin. Les cierges plantés dans des bouteilles de vinasses vides
ne nous tromperont pas : nous sommes bien devant Urfaust et leur Ritual
Music for True Clochard. J’en profite d’ailleurs pour préciser qu’il n’y a
absolument aucune parole dans Urfaust, le groupe préférant sûrement entrer en
communion avec un certain ésotérisme en scandant ces syllabes réinterprétée
avec brio et justesse en concert. Après une introduction parlée en allemand (décidément, je
commence à croire que c’est fait exprès aha) sur fond de guitare saturée,
limite noise, le groupe se fait attendre mais finit par arriver. Alors me
demande pas les titres des chansons. Je ne compte pas détailler une setlist, et si tu me lis depuis longtemps tu sais que je me fais pas chier avec ça. En
tout cas, j’ai juste été subjugué par la chanson du split avec Joyless. Un
grand moment, à n’en pas douter ! A tel point que j’ai bien dû me la
renvoyer une dizaine de fois aujourd’hui… Cependant, très vite, je me mets à
réaliser que ce concert sera très particulier. Notamment par son côté très
doom. Car si le black atmosphérique de ces hollandais sait te poser une telle
ambiance, c’est aussi par la lenteur d’une tripotée de chansons et j’en veux
pour preuve cette version exagérément doom de Ragnarök Mystiker, vraiment
ralentie à l’extrême. Mais le pire c’est que ça a marché. Une fois le blocage
passé, je n’ai su faire autrement que de fermer les yeux la moitié du temps, me
laissant envoûter par le chant clair et ritualiste de IX. Tiens d’ailleurs, en
parlant de chant, je suis totalement sur le cul d’entendre ses hurlements qui,
sur album sonnent assez dépressifs et ici, seront juste un amas de saturation
digne d’un Behexen de la grande époque. Cherche pas, je me comprends et voilà
encore quelque chose qui aura fait mouche. Et c’est sans compter ce final où le
chanteur branche son jack sur son clavier, afin d’interpréter ce qui me semblait être une chanson tirée de Drei Rituale Jenseits Des Kosmos, EP avec
lequel j’ai découvert le groupe il y a plusieurs années, à l’ambiance ultra
oppressante et en dehors de toute considération métaphysique, ainsi que Verflucht Das Blenden Der Erscheinung. Ou comment finir
en beauté après plus de 45 minutes de lenteur pour clochard éthylisé. Après,
j’ai eu la chance de les voir déjà deux fois avec une setlist beaucoup plus
« normale » et bourrée d’hymnes. Du coup, ce soir, la spécificité de
leur setlist aura pu en choquer beaucoup qui se seront barrés avant la fin,
mais chez moi ça a fonctionné. J’ai autant apprécié que Wolvennest honnêtement,
et impossible de reprendre pied. J’aurais juste aimé qu’ils jouent Von Gesicht und Rätsel. Ça m’a pas mal étonné qu’ils
la passent à la trappe.
Suite à ça, j’aurais eu un intense coup de mou après ces deux
claques (à cause de la nuit de 4h de la veille, il faut bien l’avouer), qui m’aura
fait lutter pour continuer à rester debout devant Death in Rome.
Mais parlons déjà du concept, quelque chose de somme toute
particulier. Death in Rome propose un neofolk assez qualitatif mais ayant un
registre uniquement ciblé sur des reprises de pop. Que ce soit Georges Michael,
Aqua ou Miley Cyrus, beaucoup de tubes mainstream y passent. Et le pire, c’est
que ça fonctionne. Le rendu est plutôt excellent, dans le sens où l’on croirait
vraiment entendre une chanson de neofolk purement lancinante et prenant aux
tripes. Le tout dans un style pas si
éloigné de Rome ou :Of the wand & the moon: pour te donner une idée.
Le concept étant posé, qu’en est-il du rendu live? Eh bien
malheureusement, le groupe s’est pas mal cassé la gueule D’une part j’espérais
sincèrement que la moitié de la salle se casserais paskecépadumétal, et j’en fut
satisfait. Mais honnêtement, je ne sais pas si c’est le son des effets (un mec
uniquement consacré à ça devant une rangée conséquente de pédale/platine/je n’sais
pas quoi encore mes couilles) ou le peu de tubes que j’ai reconnu, mais je me
suis assez emmerdé. Bon les problèmes de son, j’avoue que tout dépendait des
chansons et on aura eu droit à le reprise de Pump up the Jam, juste magique
franchement. Tout comme celle de Diamonds de Rihanna, un peu foireuse au début
mais vite rattrapée. Toujours est-il que j’ai du sortir prendre l’air deux fois
durant leur show parce que je m’emmerdais quand même pas mal. Aaaaargh, mais comment
c’est possible de foutre en l’air un concept aussi excellent ? J’ai la
fâcheuse impression de m’être senti comme Hitler envahissant la Pologne. Une
immense déception qui m’a donné envie de me tirer une balle.
Bref, je ne m’étendrais pas sur le sujet car je ne saurai
pas quoi dire d’autre.
En résumé, vraiment deux grosses claques qui se sont
imposées à moi : Urfaust et Wolvennest, ambient à leur façon, prenant aux
tripes à leur manières.
Prochaine étape, vendredi sur Douai, deux dates qui me font
de l’œil. A savoir, Unsu d’un côté et Noise Emission Control de l’autre.
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