dimanche 27 novembre 2016

Doom Wood Festival @ Maison des Jeunes (Sambreville) 26/11/2016


    Une semaine après cette date de porc en Belgique, me revoici dans les contrées de la frite pour un nouveau concert qui s’annonce somme toute assez lourd. Car oui, le Doom est à l’honneur ce soir avec pas moins de 5 groupes pour 5 euros seulement. De l’initiative de ce bon vieux Tiph, chanteur de Wallifornian Degeneration qui organise énormément de dates tout au long de l’année. J’ai l’impression que c’est vraiment pas humain aha.

Bref, le Doom Wood festival se tient dans la petite bourgade de Sambreville, pays du chanteur de Sepulchral Voices soit dit en passant, et qui devient ce soir un haut lieu de la lenteur et de la crasse. Le tout à la maison des jeunes de la ville, s'il-vous-plaît!

    Arrivé pile poil à 19h30, Absynth a la dure tâche d’ouvrir et de poser l’ambiance. Et vu l’âge des mecs, je prends peur. On est pas loin de la sortie du lycée. Alors quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver à bouger tranquillement la nuque. Car les mecs, bien que très jeunes, ont dû être nourri à Electric Wizard jusqu’à l’endoctrinement. Tout y est : de la voix crachée avec rage au riff ultra lourd et influencé par un Stoner dépressif (je me comprends aha), jusqu’à la batterie ultra classique mais qui fait son boulot comme un barbu chez Air Israel. Et puis même jusqu’aux soli, c’est du pur hommage, le côté psychédélique en moins cela dit. Et puis je me rappelle aussi cette chanson à la rythmique qui s’accélère sans prévenir et qui passe vraiment niquel! Alors sans réinventer le style, Absynth réussit quand même à te foutre dans une ambiance totalement adéquate pour cette date. Et vu l’âge des mecs, ils ont de quoi évoluer. Reste plus qu’à trouver le petit truc en plus qui leur permettra de se démarquer. Pour une première partie, on se retrouve quand même face à un mur du son somme toute bien qualitatif ! Mention spéciale au guitariste avec son T-Shirt Revenge !

    Enchaînons ensuite avec les fils d'un homme recherché. Car si la date est résolument Doom, Sons of a Wanted Man s’égarent dans les méandre d’un Post-Metal purement inspiré par Deafheaven et consorts. Et ce n’est pas moi qui vais cracher dessus, étant un gros fan de la scène Post-Rock. Et quand un groupe marie de manière aussi parfaite Post-Rock et Metal, je ne peux qu’apprécier particulièrement. D’autant plus que j’ai rarement l’occasion d’aller à des concerts de ce style. Ce que j’apprécie, notamment chez les SOAWM aussi du coup, c’est qu’ils ne tombent pas dans les travers du Post-Black/Postcore à la mode (bien que ces groupes me plaisent, mais là est un autre débat), ni dans la mélancolie du pur Post-Rock. Je mettrai aussi le doigt sur la voix particulièrement arrachée du chanteur, qui a l’air de savoir varier tout en nuances, alternant passages vraiment écorchés et grosse machinerie Hardcore. Pour ce qui est de l’aspect purement instrumental, franchement, les mecs ont trouvé la recette qui marche. Ces montées en puissances constantes si caractéristiques du Post-Rock me touchent particulièrement et tu te retrouves face à un truc totalement monstrueux avec le lead qui fait mouche, une basse vraiment bien maîtrisée et un batteur qui peut pas tenir la même structure plus de 5 secondes. Petit bémol au sein de ce Maelstrom de qualité pour public à lunettes : les passages plus calmes avec le chant clair. J’apprécie vraiment l’audace, mais ça n’a pas du tout pris avec moi. En fait, les passages en eux-même apportent tout de même quelque chose, mais je pense que l’instrumental se suffit à lui-même et qu’il n’y a pas besoin de chant par-dessus. Ça apporterait même encore plus d'impact lorsque les hurlements reprennent. Regarde Russian Circles avec leur Post-Metal instru. Et on s’emmerde pas une seule seconde. Mais mis à part ça, j’ai vraiment trouvé les SOAWM ultra prenants, avec juste tout ce qu’il faut pour que ça prenne. Et quand même un chanteur qui est franchement à l’aise sur scène. Et je ne sais pas pourquoi mais le côté « je chante dos au public » la moitié du temps m’a pas dérangé. Je pense même que j’ai apprécié ce côté un peu nihiliste du groupe aha. Bref, une bien belle surprise, à suivre !

    Le temps de continuer à boire de la bonne Jupi pression (Belgique oblige ! à 1.80 tu craches pas dessus!) et de discuter à droite à gauche avec un public vraiment cool, et c’est au tour de Lethvm, venant encore de Belgique (décidément !) de nous offrir un Sludge crasseux comme on l’aime. Les mecs arrivent sur une courte intro qui, comme a pu me le faire remarquer l’homme de bonne compagnie qui se tient à mes côtés,  me rappelle du Urfaust. Mais attention, qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit simplement d'une intro, car PAF !!! Les mecs te balancent du gros gros Sludge qui tâche les culottes de ta grand-mère nymphomane.  Pouah!!!!! Mais écoute-moi un peu ces passages où la lourdeur du Doom n’a d’égal que la poisse du Sludge, accompagné par une voix assez classique mais tellement salace qui te donne l’impression qu’une scie circulaire te lamine les esgourdes ! AAAAAAARGH chez moi ça marche du tonnerre  ce genre de trucs !! Le chanteur démarre aussi le concert avec sa capuche, élément qui, dans le Black Metal m’horripile totalement, mais qui, chez Lethvm, passe totalement avec le genre de truc qu’ils font. Mais très vite, à force de hurler, le gars fait tomber carrément tout le haut pour se retrouver en communion avec la chaleur de la salle. Et c’est sans compter l’écran derrière le groupe qui diffuse dès le milieu du concert des extraits vidéos perchés et malsains. Une chanson qui m’a marqué, c’est la troisième qu’ils ont jouée. On était franchement proche d’une frontière très ténue avec le Funeral Doom. Mais du coup je pensais pas que le truc pouvait être encore plus lourd et poisseux jusqu’à présent mais là, tout est tellement crasseux comme un SDF noyé dans la fange de son vomi que je me retrouve totalement déconnecté du monde réel aha.  Et les mecs savent juste te poser ce qu’il faut de dissonance pour varier encore plus leur Sludge déjà fort qualitatif. J’ai même été cherché loin mais un passage m’a fait penser à The Great Old Ones meets Crowbar. C’est peut-être un peu tiré par les cheveux mais c’est mon ressenti à chaud (c’est d’ailleurs un peu le but de Unholy Ceremonials From Hell). Et pour conclure, sur la dernière chanson, la moitié du groupe descend de scène pour aller jouer au milieu du public très réceptif, et finir sur du tambour en mode tam-tam. Arriver sur une intro aussi planante et conclure par quelque chose de tribal comme ça, c’est juste ultra parfait. Que dire de plus ? Aucune idée, j’ai l’impression que j’ai fait le tour et que j’aurai du mal à trouver encore mieux que Lethvm en Sludge. Pourtant l’année dernière,  j’avais pris une claque avec Crowbar à Douai où le public n’excédait pas les 250 personnes, mais ça m’a vraiment pas fait le même effet qu’hier soir. 
Je me rends compte que plus le temps passe, moins je ne saurai me ramener dans une grande salle du genre l’Aéronef ou le Splendid à Lille tellement je privilégie et apprécie beaucoup plus tous ces petit troquets sympathiques devant des groupes peu connus mais tellement qualitatifs. C’est simple, tu sens que des gars comme ceux de Lethvm te balancent tout ça avec une vraie passion. Parce que le petit branleur de base qui attends juste une énième tournée Marduk/Immolation/Origin dans une de ces grandes salles et ne se bouge absolument pas à ces petites dates, je lui chie monumentalement à la gueule.
Bref, ne nous égarons pas et concluons ici pour Lethvm que tu ne peux louper dès qu’ils passent non loin de chez toi. J’ai cru voir qu’ils étaient le 2 Décembre à Bruxelles. Je ne pourrais malheureusement pas mais le coeur y sera!

    Bref, je ferai l’impasse sur Path, groupe apparemment Atmospheric Black Metal, qui n’aura d’atmosphérique que l’éther soporifique qu’ils dégagent. De toute façon, alors qu'ils jouaient, je me suis retrouvé en grande conversation avec un peuple au verbe haut comme dirait l’autre !

    Viens alors la tant attendue tête d'affiche. 
Au 19ème siècle, Bathsheba était une femme accusée de sorcellerie, ayant tué son bébé à la gloire de Satan. C’est ça ou alors un personnage biblique…ou encore un village de pêcheurs situé dans les Caraïbes. Bon alors pour le coup je penche plus pour le coup de la sorcière.  Et quelle sorcière ! Je t’avoue avoir trouvé très charmante Michelle au chant. Et du coup je me rends compte que ça se développe pas mal ce style de Doom à chanteuse en mode sorcellerie. Alors les gens peuvent critiquer ou quoique ce soit, mais tant qu’on tombe pas dans du sous-Coven qui cherche à vendre du fait qu’il y aie un individu de sexe féminin derrière le micro, ça ne me dérange absolument pas de voir autant de groupes se former autour de ce concept. 
Alors là où Cauchemar m’avait impressionné par sa musique très Black Sabbath il y a deux semaines, Bathsheba me subjugue totalement par son côté tellement lourd, généré par un Doom assez traditionnel mais tout de même éloigné des Black Sabbath-Wosrhip et consorts. Il y avait quelque chose de vraiment très poisseux dans ce qu’ils font : imagine-toi un peu, plongé pendant trois quart d’heure dans un marécage, t'enfonçant au fil des minutes qui s’écoulent et apercevant au fond la sorcière qui ricane en te voyant te noyer dans cette fange où la lenteur n’a d’égal que l’atmosphère qu’ils dégagent. Mais malgré ce côté atmosphérique justement, t’as quand même une bonne paire de couilles dans la manière dont c‘est joué et je me retrouve au premier rang, me brisant lentement mais sûrement la nuque, impossible de me dépêtrer de cette poisse qui me tire vers le fond. Et le seul espoir qui m’empêche de sombrer totalement est cette voix incantatoire, douce et ensorcelante à la fois où les lignes vocales sont assénées avec force et lenteur. Ce qui me plait également c’est leur côté décontracté, notamment cette chanteuse qui ne peut s’empêcher de se mouvoir comme si c’était la nuit de Samhain éhé. Et puis pas besoin de foutre un costume maléfique ou de s'habiller en gothopouf pour t’envoyer quelque chose d’aussi incantatoire. Alors certes, la plupart du temps, un décor de circonstance permet de transcender la musique, notamment dans toute cette mode de black-othodoxe-mes-couilles, mais force est de constater que, ce soir, Bathsheba n’aura pas eu besoin d’avoir recours à une quelconque façade mystique pour envoûter le public très réceptif à la lourdeur qu’ils dégagent. Par contre, j’aurai quelque chose à redire c’est pour la qualité sonore. Je sais qu’il faut jouer fort dans le Doom mais bon, j’ai eu la facheuse impression que la voix était trop en retrait. Alors je peux comprendre que le groupe veuille laisser cette voix lointaine, mais là c’était juste trop loin. En fait ça dépendait un peu des chansons, mais bon, ça ne m’aura pas empêcher d’apprécier et je suis impatient de découvrir l’album qui est actuellement en préparation. Dernier petit détail qui m’a fait totalement adhérer au truc également, ce sont tous ces passages où le Doom accélère la cadence et ajoute juste un sentiment d’empressement à sortir de ce marécage dans lequel tu t’enfonces, mais qui finit par t’asséner à nouveau un coup fatal et achève de t’écraser sans pitié.

    Bien belle claque donc que cette date, où Tiph a vraiment bien géré, nous sortant des groupes d’outre-tombe et toujours avec un éclectisme qui lui est propre. Encore félicitations mec !! C’est toujours un plaisir.

    Un immense merci aux groupes belges (les seuls, les bons, car après tout, Path, le groupe qui m'a fait chier, était allemand aha), au public qui s’est bougé même si il y aurait pu avoir plus de monde. Et merci aux potes avec qui j’ai pu discuté (Alex, Gianpetro, Mélo et plusieurs autres rencontres mais dont les noms m’échappent totalement).

    Bref, plus j’écoute du Black, plus je me rends compte que le Doom et le Sludge c’est la vie aha.


    Prochaine étape, Urfaust accompagné de Death in Rome et autres joyeusetés glorifiant la mort dans d’astrales considérations métaphysiques, le tout au Magasin 4 de Bruxelles.

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