Il est de ces dates dans la région où
t'as déjà vu les groupes une paire de fois, mais vu le prix
abordable (5 balles) tu te dis que t'y vas quand même. Et
généralement, ce sont bien souvent de bons moments où les potes et
la bière font un sacré mélange! A la base, je devais aller voir
Perturbator (électro John Carpenter/Dario Argento worship) sur
Tourcoing Vendredi soir, mais, faute de mauvais placements
capitalistes, je me retrouve sans le sou en fin de mois. Ou alors
est-ce un complot des Illuminati. En tout cas, toujours est-il qu'une
mâne inattendue m'a fait me décider au dernier moment pour bouger
mon gras au Midland pour une date qui ne propose pas moins que du
Post-black, du sludge, du brutal raw black et du black/death ce soir.
Notons qu'il s'agit de Dark Moon Brotherhood derrière cette affiche
presque nationale (seuls Stahlsarg étant from UK). Alors si les
concerts qu'ils proposent sont vraiment différents, on peut saluer
leur dévouement à faire jouer de l'UG sur Lille, à cette époque
où rares sont les nouvelles assos qui se forment et où les
passionnés jettent l'éponge (RIP WOTU). Même si je ne suis pas un
féru de toutes leurs dates, je suis tout de même heureux de me
bouger pour pas cher et, disons-le tout de go, je venais clairement
pour Conquerors et Stahlsarg.
Pour une fois, il se trouve que je suis
en avance et, après une petite discussion avec quelques potes,
j'apprends avec une énorme déception l'annulation de Stahlsarg au
dernier moment. Faut admettre que les Rosbifs sont loin d'être les
meilleurs concernant les bagnoles, et c'est à 30km de Lille que les
gars sont tombés en rade et ont du faire demi-tour (une histoire
d'assurance...). Bref, on se consolera devant Conquerors qui verront
leur set rallongé.
Le temps de boire deux bières et Oruga
peut enfin commencer le dur exercice d'ouverture. Le truc était
vendu sur l'event comme du Blackened Doom, mais finalement j'ai plus
l'impression d'entendre du sludge bien gras, tantôt doom, tantôt rapide. Et finalement, après
mûre réflexion, je me rends compte que c'est un énorme bordel dans
cette scène. Tu sais, celle où t'entends des termes tels que
"post-black", "sludge black", "blackened
doom", "postcore black" ou encore "post-indus
esoteric introspective and contemplative post-black post-sludge
post-branlette intelectuelle". Bref, les étiquettes quoi! Je ne
l'ai pas connu, mais qu'il est loin le temps où Death, Speed, Black
et Thrash ne faisaient qu'un... Ceci étant dit, revenons-en au
groupe. Si le chanteur se défonce en occupant la moitié de la salle
en dehors de la scène (pourtant prévue à cet effet en général),
le reste du groupe se contente de bouger la nuque, assez statiques
dans l'ensemble et donnant l'impression de se faire un peu chier. Bon
j'avoue, le style veut un peu qu'on tire la tronche. Le sludge reste
quelque chose de vraiment lourd, le truc qui t'écrase comme un
tractopelle lancé sur une maison de retraite : bruyant, mais t'as
pas le choix que de voir le truc arriver sans pouvoir bouger. En
gros, j'ai assez bien aimé, mais j'avoue que, ce qui a fait défaut
je trouve, c'est le chant. Bien qu'il était à fond, j'ai trouvé
que ça manquait énormément de nuances. C'est con parce que y'a du
bon dans ce qu'ils font. M'enfin, pour une première partie, je me
suis pas barré au bout de la deuxième chanson, c'est donc un
succès.
Le temps de faire une pause et
Edremerion s'avance sur la scène. Pour être franc, j'ai loupé la
moitié du concert, trop occupé à discuter par ci par là avec des
potes que je vois pas souvent. C'est d'ailleurs avec plaisir que je
vois David et Christine, les organisateurs du No Compromise Metal
Fest ainsi que le gars de Sepulchral Voices (un groupe où la
batterie tape bien, la guitare envoie et le chanteur chante bien).
Tiens pour l'anecdote, je trouve aussi
que les gérants du Midland se sont améliorés avec le temps. Je me
rappelle d'une époque où t'avais pas le temps de finir ta clope
entre deux groupes alors que c'est toujours un plaisir de pouvoir
prendre le temps de discuter entre les groupes, c'est ça qui fait le
charme de ces petits concerts, et la patron qui nous obligeait
presque à rentrer pour pas traîner dehors, c'était assez lourd.
Bref, pour l'histoire, Edremerion et
moi ça fait 6,66. Pas que je les trouve ultra chiants, mais j'ai du
mal à rentrer dedans. Les mecs tapent dans un black doom presque
expérimental, voire post-machin chose, et c'est curieux de voir tant
de groupes interchangeables dans cette scène alors que finalement,
je suis ultra sélectif sur ce que j'aime là-dedans. Heureusement
pour moi, j'arrive enfin à desceller quelques passages plaisants
durant le concert, mais, tout comme les autres fois où j'ai vu le
groupe nordiste, ça m'en a titillé une sans faire bouger l'autre.
Et puis, même problème qu'avec Oruga : le chant vraiment pas top.
Du coup, je me pose des questions sur la qualité de l'ingé son ce
soir. Il est vrai que le Midland n'est pas un exemple de
sonorisation, mais, pareil : aujourd'hui, il y a une nette
amélioration. Je me rappelle d'un pitoyable concert de Azaghal il
n'y a pas si longtemps à tel point que j'ai eu honte pour le
groupe.
Bref, encore une fois, chez Edremerion,
j'aime bien sans savoir si j'aime vraiment. Certes, ils proposent
quelque chose d'intéressant, mais je préférerai limite écouter de
l'instrumental. Et pour preuve : seule la dernière chanson (ou une
sorte de final) m'a surpris à bouger légèrement la nuque, et pour
cause : uniquement instrumentale.
C'est l'occasion d'aller se refumer une
clope, prendre une dernière bière et surtout, de faire un petit
tour du côté du merch. Et pour le coup, voilà quelque chose
d'intéressant! Conquerors bradent leur disco (1 CD + 1 EP) pour 5
balles les deux réunis! C'est donc sans hésitation que je me jette
dessus, ainsi que sur certains cds qui me sont totalement inconnus,
et une K7 d'indus noise conseillés par Jérémy de Maltkross.
Enfin viens le moment d'apprécier le
brutal black raw bordélique de Conquerors! Les mecs sont que deux,
mais bien souvent, c'est pas le nombre qui compte. Regarde Urfaust ou
Hats Barn (je sais vous êtes pas beaucoup à apprécier ce dernier
groupe mais je vous encule cordialement avec du verre pilé) et t'en
auras la preuve. Troisième essai pour ma part. Une première fois à La péniche à Douai où je ne me rappelle plus grand chose (c'est
mauvais pour le foie d'avoir une salle de concert à 2min de chez
soi) et une seconde fois à La Rumeur, où, bien que les oreilles
bourdonnantes, j'avais fortement apprécié. Et ce soir m'aura
confirmé à nouveau mon intérêt pour le groupe. Si jusqu'ici,
cette soirée se profilait sous les rayons du post-black à lunettes,
la tempête finira par nous achever avec ce groupe de l'Est (de la
France hein, et non pas les terres du communisme sous dictature). Si
tu aimes Revenge ou le Revenge-like Conqueror (sans "s"
celui-ci), tu vas être servi avec Conquerors. Putain mais j'ai
l'impression d'entendre de vieilles démos tout droit sorties des
tréfonds de la cave d'enregistrement d'un Blasphemy ou d'un Sargeist
avec un son vraiment Transilvanian Hunger Worship! Alors ça plaira
pas à tout le monde, mais n'importe quel fan old-school qui ne jure
que par Blasphemophagher, Necroholocaust ou Sarcofago ne peut renier
un concert pareil! Bien qu'hésitant parfois dans les riffs
(notamment le début du concert qui m'a parut ultra bordélique), le
truc te retourne méchamment le cerveau. Et c'est justement ce côté
"répète" éthylisée qui fait tout le charme du groupe.
Pas la peine de tergiverser, le but c'est de jouer vite, fort, de la
manière la plus crade possible (tins, ça me rappelle un mec mort il
y a peu), et si parfois c'est pas carré, ce ne peut que rendre le
truc plus intéressant. Bon j'ai l'air d'insister sur le côté à
l'arrache, mais j'exagère quand même. Mates-moi ce batteur de
malade qui tabasse ses fûts comme s'il avait Satan en personne à
ses trousses. Ou alors imagine-t-il peut-être que la caisse claire
est un camp de Roms et ses baguettes, une batte de baseball? En tout
cas, grosse claque, comme à chaque fois!
Nous aurons droit en prime à
l'animateur ultime de la soirée! D'habitude, en concert, tu vois
toujours ce mec saoul, celui qui tiens plus très droit dès le
premier groupe, mais donne tout ce qu'il a tellement il veut qu'on
voit sa passion. Ou alors, tu le retrouves mort-vivant dans les
chiottes, un bras en appui sur la cuvette, trainant dans ces fluides
à la composition étrange. Ici, ce mec (appelons-le Jean-Michel
Metal) nous aura gratifié de headbang totalement PAS en rythme,
exhibant ses tatouages Slayer et Deathspell Omera et le clou de la
soirée : invité sur scène pour chanter cette reprise
incontournable de Black Metal de Venom par Conquerors! Et le résultat
en fut un véritable massacre! Je ne parle pas du groupe qui arrive à
la rapidifier encore plus, mais de notre Jean-Michel Metal de
fortune. Et si t'avais loupé le truc, t'inquiètes! Car en réclamant
un rappel, il s'avère que nous aurons droit une deuxième fois à
cette version bourrée du tube! Je suis un peu méchant, mais faut
quand même admettre que le mec a fait la route depuis l'Angleterre
pour venir à ce concert! Et ça, j'admire quand même!
C'est pas tout, mais j'ai les oreilles
qui bourdonnent, bien que ça soit jouissif, il est temps d'aller
fêter l'anniv des patrons au bar Les Six Roses. Oui, la soirée est
loin d'être termimée pour votre humble et dévoué serviteur.
Pour résumer, deux groupes sympas mais
qui m'ont pas encore convaincus, une claque habituelle pour
Conquerors, une ambiance bien sympa alors que je m'attendais à une
salle vide, de la bonne bière, des bonnes têtes et notre nouvelle
mascotte : Jean-Michel Bourré! Et comme d'hab, merci à Dark Moon Brotherhood pour cette date!
Je reviens la semaine prochaine avec
une date gratuite cette fois : les 35 ans du Carré des Halles au
bistrot de Saint-Sauveur sur Lille. Debauchery et Leng Tche, ça ne
se refuse pas!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire