samedi 2 avril 2016

Hypothermia + Psychonaut 4 + Antilife @ El Diablo (Lille) 30-03-2016


    Ces dernières années, il n'est pas rare de voir défiler des concerts aux affiches assez fat dans le Nord ou en Belgique. Pour ma part, tout à commencé avec Lille en Avril 2008. Je découvre La Rumeur, un bar/concert dans les environs de Lille Sud, sa cave, son bar, son public. Le coup de foudre me clou sur place et, d'ores et déjà, je sais que je vais côtoyer ces lieux où l'Underground peut s'exprimer sans contraintes. Depuis ce temps, ce ne sont pas moins de 140 concerts - allant des festivals grand format (Le Party San), plus ciblés (le Throne Fest par exemple), des concerts dans des bars-concert Lillois, Valenciennois ou Douaisiens ou encore dans des salles de taille moyenne où se côtoient Death Old-School, Black Metal, Sludge/Doom etc - auxquels j'ai pu assisté. Cela fait presque un an que l'idée me trottait dans la tête, celle de faire du Live Report avec passion, sans langue de bois (ou de pute selon les envies), sans passer par un quelconque magazine (Metalchiasse à tout hasard? Là où t'as 5 lignes par groupe) ou site/webzine officiel (bien que je soutienne totalement Horns Up)... Bref, juste avec mes tripes. Et c'est donc avec cette date de Black Metal Dépressif ayant eu lieu le 30 Mars 2016 à El Diablo que je m'y atèle.

    En théorie, le public Nordiste ne se bouge pas le fion lorsqu'un concert a lieu en pleine semaine. Alors est-ce parce qu'il n'y avait que 4 jours cette semaine-là que je me retrouve face une date quasi sold out ce soir-là? J'en ai foutre aucune idée, mais en tout cas, ça me fait plaisir et en même temps j'appréhende énormément le truc. Car si El Diablo - découvert pour ma part il y a un peu plus d'un an avec les locaux Skelethal – est une petite salle comme je les aime, il faut tout de même admettre qu'elle ne permet pas d'accueillir plus de cent personnes sans risquer l'asphyxie de vapeurs éthyliques et de sudations (quoiqu'en général, les deux ne font qu'un). Et mon angoisse n'est pas pour diminuer lorsque je constate qu'une vingtaine de personnes n'ayant pas réservé attendent dehors. Heureusement pour moi, j'ai été prévoyant pour le coup, ne voulant franchement pas louper cette date. Direction le sous-sol donc, histoire de se faire poser le rituel tampon et d'aller chercher une pinte de bibine belge. Finalement, me voilà rassuré : la salle me paraît tout de même plus spacieuse que dans mes souvenirs et ce, malgré le pilier central, un classique de ce genre de salles (un peu comme à La Rumeur en fait). Et tout au long de la soirée, j'ai même pu me faufiler au devant de la scène afin d'apprécier au mieux les groupes.

    A peine le temps de m'approcher qu'Antilife début les hostilités. Bien que je sois principalement venu pour Psychonaut 4, découvert l'année dernière, j'attendais beaucoup de ce nouveau projet aux élucubrations anti-humanistes du chanteur d'Hats Barn. ET PUTAIN QUELLE CLAQUE! A peine posé devant la scène que le groupe commence à jouer, Psycho arrivant au micro vêtu d'un sweat blanc aspergé de sang (et connaissant le gaillard, pas de trompe-l'oeil ici) dont la capuche descend jusque sur le nez. D'ailleurs, rares seront les moments où l'ont pourra apercevoir son visage durant le concert. Je n'avais entendu qu'une chanson qu'ils avaient postée sur Youtube, mais là, je ne m'étais vraiment pas imaginé assister à un concert aussi violent, retournant et haineux. Disons-le tout de suite : le Black Dépressif "classique" m'a toujours emmerdé. J'ai beaucoup de mal à apprécier ceux qui se contentent de faire du mid-tempo sur fond de chuchotements rocailleux ressemblant à des coqs asthmatiques où les seules paroles ressemblent à un poème d'ado gothique boutonneux fan de Baudelaire et en mal de reconnaissance. Pour te donner une idée, Silencer, Lifelover, Totalselfhatred, Shining : voici les groupes qui me bottent dans le style. Et pour cause : on est loin d'un éternel cover d'un groupe qui parodie le Black Dépressif. Après, il subsiste quelques exceptions qui me parlent, comme Gris (même si, avec leur dernier album, les mecs tirent plus sur l'ambiant et l'atmosphérique), Happy Days ou Wedard.
Bref, il me semblait important de me situer un peu dans ce paysage suicidaire.

    Revenons-en à Antilife. Voici exactement le genre de truc qui me parle! Jamais je n'ai assisté à autant de violence au sein d'une scène qui se suicide à petit feu. Les riffs et la guitare "lead" assénés avec violence et rage te transperce comme la lance d'un Spartiate, la batterie qui sait aussi bien alterner mid-tempo et laisse une sacré place au Blast qui te retourne le cerveau, à tel point que tu as l'impression de sombrer dans la folie meurtrière d'un cerveau sociopathe. Et surtout : le charisme incroyable du chanteur. Putain, mais c'est exactement ce pourquoi j'avais autant aimé Hats Barn lorsque je les avait vu pour la première fois à Tournai en Décembre 2008. La vieille époque, celle où juste Total Genocide Devastation était sorti et où les cris suraigus de Psycho enterraient n'importe quel groupe de Black digne de ce nom. Merde putain mais c'est totalement inhumain de hurler comme ça, j'en suis encore sur le cul. Des lames de rasoir sifflant sur ta chair écorchée, véritable haine dans la dépression, le dégoût de l'être humain poussé à son paroxysme. Et puis j'en reviens au charisme, mais jamais je n'ai vu autant de haine dans le comportement d'un mec sur scène : tremblements psychopathes, lacérations de chair à grands coups de lames de rasoir, maltraitance du micro/pied-de-micro, sifflage de Honey Jack Daniel's sans repos et un flingue pour accessoire, dirigé vers le public, et lui-même. Et vu le mec, c'est un vrai de toute manière.
En bonus, on aura le droit à une reprise de Silencer (Death – Pierce me), chose qui fait ô combien plaisir! Petit bémol pour ma part pour l'intro, jouée sur des guitares saturées. Je me doute que l'envie était de rendre le truc plus malsain et dégueulasse, mais ça n'a pas pris chez moi. Enfin, vraiment un détail insignifiant car la cover a été interprétée avec brio, la "hainisant" même un peu plus.
En somme, une première partie comme jamais je n'en avait vu auparavant qui a totalement compris qu'il suffit pas de gueuler "Kill Yourself" pour se la jouer dépressif, que la haine de l'humain était indissociable du dégoût du monde et, par conséquent de la vie de merde qui t'entoure. Bref, ça laisse présager énormément de bonnes choses pour leur avenir, car ils ont un potentiel scénique incroyable.

    Le temps de remonter se fumer une ou deux clopes, se reprendre une bibine, discuter avec les potes et c'est au tour de Psychonaut 4 de se lancer dans la conquête Lilloise à grand coups de mélodies joyeuses et dépressives. Car oui, ce qui m'avait autant foutu sur le cul avec ce groupe, c'est son côté musical à la Lifelover : de la joie et de la mélancolie, un peu comme si les mecs se complaisaient dans la dépression sur fond de drogues et d'alcool. Putain, en voilà encore un de truc qui me parle! Et ce ne sont pas moins que 3 guitaristes qui permettent de soutenir les rythmes effrénés et le chant carrément hurlé de Graf von Baphomet qui, pour l'occasion, s'est aspergé de sang (la bouteille traînant encore dans les chiottes et, vu l'odeur, c'était pas du colorant ici non plus). Sans préambule, c'est Parasite, première chanson (mis à part l'intro) de leur premier opus qui entame les hostilités. Et, chose inattendue, l'avant du public est carrément contaminé par des mecs qui se défoulent comme si Satan était au centre de la salle. En théorie, ça me fait chier quand des mecs foutent le bordel durant un concert de ce style mais cette fois-ci, j'avais fortement envie d'un défouloir moi aussi. D'autant plus que, tout comme Antilife juste avant et dans un autre registre, leur black est rempli de haine et d'une volonté d'en découdre qui surpasse tous ces pseudo-blackeux de la gaypride dépressive. Tout au long du concert, la voix du chanteur ne faiblira jamais et, même si je la trouve quand même moins hurlée que sur album, la répercussion live de leurs chansons est quand même synonyme d'érection viscérale pour moi. Comme tout fan exigeant, il est vrai que j'aurai aimé entendre des titres comme Pseudo, My despair can't be explain ou Have a nice trip mais c'est sans conteste un réconfort monstrueux que de prendre mon pied sur Serial Lier, Antihuman, Suicide is Legal ou même la schizophrénique Moldy. Mais le summum est atteint lors de deux covers que le groupe nous aura offert ce soir-là. Déjà, I Wanna Be Your Dog d'Iggy Pop (Les Stooges mais c'est du pareil au même), jouée avec virulence et énergie – chose qui peut paraître en désaccord total pour un groupe de Black Dépressif, mais comme je l'ai déjà dit à maintes reprises, ce soir, les mecs ont comprit que le dégoût de l'humanité et la dépression (je préfère même le terme de fatalité ou mélancolie) étaient indissociables de la haine viscérale. Je crois même que la motivation des potes éthylisés qui se défoulaient devant la scène a atteint son paroxysme. Mais encore mieux : l'éternelle reprise de Nackstott de Lifelover interprétée avec brio! Et une surprise (quoique je commençais à y penser quelques heures avant le concert), non des moindres : Kim Carlsson invité sur scène afin de poser ses lignes de chants si particulières et monstrueuses dessus. Pour les ignares : Kim est le chanteur du défunt Lifelover et joue également dans Hypothermia, la tête d'affiche de cette soirée. Il était donc logique qu'un groupe comme Psychonaut 4, à l'esprit aussi dérangé que l'âme même de Lifelover, proposent quelque chose d'aussi énorme. Et Kim restât même sur scène afin de participer à la psychotique et joyeuse Wor(l)d of pain and hate!
Et puis, pour l'anecdote, les mecs, mais qu'est-ce qu'ils ont picolé. Psycho d'Antilife leur file la teille de whisky en plein milieu du concert et ils se l'enfilent d'une traite. La haine aha!
Une énorme claque donc pour ce deuxième groupe que j'attendais avec impatience!

    Mine de rien, je me rends compte qu'il y a bien longtemps que je n'avais pas autant apprécié un concert de black metal. La raison en est simple : le fan de Black Metal de base est un gros beauf coincé dans les années 90 ou alors (pour la plus grosse partie malheureusement) un jeune branleur qui se la joue Evil mais qui comprend toujours pas que Behemoth ne jouent plus de Black depuis longtemps. Bref, en France, les 3/4 du public de cette scène est quand même à gerber, mais heureusement, ce soir, j'ai pas l'impression d'en avoir croisé beaucoup, et putain ça, ça me fait plaisir!

    Il est donc temps de se rafraîchir une dernière fois et d'entretenir son cancer du poumon avant d'aller voir ce que donne Hypothermia sur scène. Une attente entre les deux groupes qui m'aura semblé un peu plus longue ici, mais cela m'aura laissé le temps de pouvoir discuter un peu avec un des guitaristes de Psychonaut 4 et même le chanteur. Encore quelque chose si typique des petits concerts mais ô combien agréable : pouvoir approcher des mecs finalement très simples, heureux de rencontrer leur public qui se retrouve dans leur musique. Je suis pas spécialement du genre à aimer prendre des photos à tout va ou parler systématiquement aux groupes dès que j'en ai l'occasion, mais quand il y en a un dans lequel je me retrouve particulièrement, c'est franchement une expérience géniale.

    Enfin, il est aux alentours de 22h15 et Hypothermia monte sur scène, ses membres vêtus de grandes capes blanches, comme à leur habitude. Ma relation avec ce groupe est assez particulière. Si j'aime beaucoup le Post-rock et les chansons à rallonge qui n'ont pour seul but que de foutre une ambiance qui te transcende en dehors de l'espace et du temps, chez Hypothermia je n'y arrive pas du tout! C'est pourtant pas faute d'avoir tenté le coup plusieurs fois et, malheureusement, mon impression est définitivement confirmée par ce concert. Disons que c'est pas mauvais en soi, mais pas moyen de trouver une variation pendant les compos avoisinants les 10 minutes. Toujours le même riff qui tournoit pour te rendre totalement dingue. Ça m'en a titillé une sans faire bouger l'autre en fait. Du coup, je ne peux pas trop m'étendre sur le sujet ici, ayant préféré discuter avec quelques potes et le mec de Maltkross, toujours présent avec sa distro aux concerts Nordistes.

    En définitive, pour une date "vendue" comme dépressive, on aura eu le droit à des groupes qui ne peuvent être plus éloigné de cette scène "dépressive" tout en y étant rattachée : de la pure haine misanthropique et sociopathe, de la joie et de la complaisance dans la dépression et du post-rock très (trop même) ambiant au son blackisé.

    Tiens tant que j'y pense, c'est aussi un plaisir de voir un des mecs de Black Command faire le déplacement de Hollande pour venir sur Lille, sachant qu'il va également voir cette date à domicile le samedi suivant.

    Au final, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas autant pris mon pied sur un petit concert - je ne dirais pas local car, mis à part Antilife, les autres groupes venaient de Géorgie et de Suède.
Merci à Ondes Noires qui, bien que basé sur Paris, ont créés cette branche dans le Nord et nous organisent des putain de dates!

    Pour conclure, je ne peux que citer Psychonaut 4 :
"We will never find the cure...[...] Useless me and useless you..."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire